QUAND LE CIEL BAS ET LOURD … | SPLEEN |
Charles Baudelaire | trans. Stan Solomons |
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis, Et que de l’horizon embrassant tout le cercle Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits; Quand la terre est changée en un cachot humide, Où l’Espérance, comme une chauve-souris, S’en va battant les murs de son aile timide Et se cognant la tête à des plafonds pourris; Quand la pluie étalant ses immenses traînées D’une vaste prison imite les barreaux, Et qu’un peuple muet d’infâmes araignées Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux, Des cloches tout à coup sautent avec furie Et lancent vers le ciel un affreux hurlement, Ainsi que des esprits errants et sans patrie Qui se mettent à geindre opiniâtrement. – Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme; l’Espoir, Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. | The lowering sky bears down Upon my spirit, prey to ennui, And from the horizon around Pours forth a sad and darker day. Into a dungeon, day is changed, And, like a blinded bat, feeling And hope wing the dank walls, deranged, Beating their brains against the ceiling. The slanting rain impends and falls, Like bars across a prison cell; And spiders, grisly silent race, Spin in my mind their dusty lace. Carillons furiously peal, Flailing the sky with dissonance, Wandering ghosts that skim and glance, Exiled and desperate, unreal. Hearses, unloved and unadorned, Sweep slowly through my soul; suborned Hope weeps there; into my brain Anguish thrusts deep its flag of pain. |
Trans. Copyright © Stan Solomons 2006
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