
C’EST LA BONNE HEURE … | TIME OF DUSK |
Émile Verhaeren | trans. Stan Solomons |
C’est la bonne heure où la lampe s’allume: C’est la bonne heure où la lampe s’allume: Tout est si calme et consolant, ce soir, Et le silence est tel, que l’on entendrait choir Des plumes. C’est la bonne heure où, doucement, S’en vient la bien-aimée, Comme la brise ou la fumée, Tout doucement, tout lentement. Elle ne dit rien d’abord – et je l’écoute; Et son âme, que j’entends toute, Je la surprends luire et jaillir Et je la baise sur ses yeux. C’est la bonne heure où la lampe s’allume, Où les aveux De s’être aimés le jour durant, Du fond du coeur profond mais transparent, S’exhument. Et l’on se dit les simples choses: Le fruit qu’on a cueilli dans le jardin; La fleur qui s’est ouverte, D’entre les mousses vertes; Et la pensée éclose en des émois soudains, Au souvenir d’un mot de tendresse fanée Surpris au fond d’un vieux tiroir, Sur un billet de l’autre année. | This is the hour when lamps are lit: The lovely hour when lamps are lit and all is welcoming and tranquil and evening silence is so deep that one could hear feathers fall. This is the hour when softly, my sweetheart comes to me, as it were smoke or breeze, gently and slowly. At first she’s silent and I listen to her very soul, surprising thoughts that leap and glisten, and I rain kisses on her eyes. This is the lovely lamplight hour, when heartfelt promises of lasting love endure and from the lucid deep of our desire are reviving. We talk of simple things: Fruit picked in the garden; Flowers that have striven, through the green mossy lawn. And thoughts are blossoming, recalling words of tenderness, caught in old faded letters lurking in drawers. |
Trans. Copyright © Stan Solomons 2005
LES HORLOGES | THE CLOCKS |
Émile Verhaeren | trans. Stan Solomons |
La nuit, dans le silence en noir de nos demeures, Béquilles et bâtons, qui se cognent, là-bas; Montant et dévalant les escaliers des heures, Les horloges, avec leurs pas; Emaux naïfs derrière un verre, emblèmes Et fleurs d’antan, chiffres maigres et vieux; Lunes des corridors, vides et blêmes, Les horloges, avec leurs yeux; Sons morts, notes de plomb, marteaux et limes, Boutique en bois de mots sournois et le babil des secondes minimes, Les horloges, avec leurs voix; Gaines de chêne et bornes d’ombre, Cercueils scellés dans le mur froid, Vieux os du temps que grignote le nombre, Les horloges et leur effroi; Les horloges Volontaires et vigilantes, Pareilles aux vieilles servantes Boîtant de leurs sabots ou glissant sur leurs bas, Les horloges que j’interroge Serrent ma peur en leur compas. | In the dark silence of the home Crutches and walking sticks Go up and down the stairs of time. The clocks. Enamelled flowers, old devices, Numerals old and lean On looming lunar faces May be seen. Hammer and ratchet, leaden chime And crafty wooden words. The conversation of the time May be heard. Dark time posts in the hall, Coffins sealed in the wall, Bones of old time, devoured by the hours, The clocks, Willing and vigilant, Limp like ancient servants, Up and down the years, In their clogs Inspiring fear. |
Trans. Copyright © Stan Solomons 2005
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