Stan and Bette Solomons

Poetry and Artwork

Author: David Solomons Page 3 of 6

Joachim Du Bellay

HEUREUX QUI, COMME ULYSSE …HAPPY THE TRAVELLER …
Joachim du Bellaytr. Stan Solomons

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, 
Ou comme cestuy là qui conquit la toison, 
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son aage! 

Quand revoiray-je, helas, de mon petit village 
Fumer la cheminée: et en quelle saison 
Revoiray-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup d’avantage?

Plus me plaist le sejour qu’ont basty mes ayeux, 
Que des palais Romains le front audacieux: 
Plus que le marbre dur me plaist l’ardoise fine,

Plus mon Loyre Gaulois, que le Tybre Latin, 
Plus mon petit Lyré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la doulceur Angevine.

Happy the traveller who like Ulysses,
Or the bold man who took the Golden Fleece, 
And then, returning to his native clime, 
Lived out the sober balance of his time.

Alas, when shall I see the like again,
The smoking chimneys of my own dear village?
When shall I see the garden of my cottage, 
Which is to me a kingdom and a gain?

Better the dwellings ancestors have made, 
Than lofty palaces with proud facade. 
My poor roof of slate than marble Rome.

Better the river Loire than Roman fountains,
My native village than Italian mountains 
Better than sea breeze is the breath of home.

Trans. Copyright © Stan Solomons 2006

Video of setting (of the original French) by D W Solomons for guitar and alto

A UN VANNEUR DE BLÉTO THE WIND
Joachim du Bellaytr. Stan Solomons
A vous, troupe légère,
Qui d’aile passagère 
Par le monde volez,
Et d’un sifflant murmure
Doucement ébranlez,
L’ombrageux verdure 

J’offre ces violettes,
Ces lis et ces fleurettes,
Et ces roses ici, 
Ces vermeillettes roses, 
Tout fraîchement écloses, 
Et ces oeillets aussi.

De votre douce haleine 
Eventez cette plaine, 
Eventez ce séjour: 
Cependant que j’ahanne 
A mon blé, que je vanne 
A la chaleur du jour.
To you O wind
On supple wing
Skimming your way,
Who with a sigh 
Gently shakes 
The leafy shades,

I offer pansies 
And tender lilies, 
Delicate posies 
And crimson roses, 
Bright as the dawn 
Fresh and newborn.

Your lovely breath 
Refreshes earth. 
And those below, 
While I do winnow 
And I sweat away 
The heat of day.

Trans. Copyright © Stan Solomons 2006

Charles Duc d’Orléans

EN REGARDANT VERS LE PAYS DE 
FRANCE …
GAZING TOWARD THE LAND OF 
FRANCE …
Charles, Duc d’Orléanstr. Stan Solomons
En regardant vers le pays de France,
Un jour m’advint, à Douvres sur la mer,
Qu’il me souvint de la douce plaisance
Que je soulais au dit pays trouver;
Si commençai de coeur à soupirer,
Combien certes que grand bien me faisoit
De voir France que mon coeur aimer doit.

Je m’avisai que c’était non savance
De tels soupirs dedans mon coeur garder,
Vu que je vois que la voie commence
De bonne paix, qui tous biens peut donner;
Pour ce, tournai en confort mon penser;
Mais non pourtant mon coeur ne se lassoit
De voir France que mon coeur aimer doit.

Alors chargeai en la nef d’Espérance
Tous mes souhaits, en leur priant d’aller
Outre la mer, sans faire demeurance,
Et à France de me recommander.
Or nous donn’ Dieu bonne paix sans tarder!
Adonc aurai loisir, mais qu’ainsi soit,
De voir France que mon coeur aimer doit.

Paix est trésor qu’on ne peut trop louer.
Je hais guerre, point ne la dois priser;
Destourbé m’a longtemps, soit tort ou droit,
De voir France que mon coeur aimer doit.
Gazing toward the land of France,
At Dover on the sea, it chanced
That I recalled that gentle joy
Which that fair land inspired in me.
Straightway my heart to sigh
How great a boon could I but see
Fair France, my heart’s pure love.

This is but folly, I bethought,
To keep such sighs within my heart,
For I do see the highway start
To peace, good things and kind.
Turned I to comfort all my mind,
But still remained my heart’s desire
To see fair France my soul’s sweet fire.

Then did I charge the ship of Hope
With all my wishes, all my prayers
To cross the sea without a stop
To France as a remembrance there.
God give us peace without demur,
Then I’ll have leisure, be it so,
To see fair France whose love I owe.

For land is treasure I’ll not praise
Enough. And war I cannot prize.
And I am thwarted, right or wrong,
From that fair land for which I long.

Trans. Copyright © Stan Solomons 2006

RONDEAUSPRING
Charles, Duc d’Orléanstr. Stan Solomons
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s’est vêtu de broderie,
De soleil luyant, clair et beau.

Il n’y a bête, ni oiseau,
Qu’en son jargon ne chante ou crie:
Le temps a laissé son manteau!


Rivière, fontaine et ruisseau
Portent, en livrée jolie,
Gouttes d’argent d’orfèvrerie,
Chacun s’habille de nouveau:
Le temps a laissé son manteau.
Old Time has put his mantle by 
Of wind and cold and rain
And clothed himself in broidery
Of sunshine clear and fine.

There is no beast nor bird nor swain 
But does not sing aloud for joy,
For Time has put his mantle by 
Of wind and cold and rain.

River and spring and stream
All wear as handsome livery 
Fine silver drops as jewellery 
And all is freshly clothed it seems
For Time has put his mantle by.

Trans. Copyright © Stan Solomons 2006

Alfred de Vigny

LA MAISON DU BERGER (extrait)from THE SHEPHERD’S HUT
Alfred de Vignytrans. Stan Solomons
Elle me dit: “Je suis l’impassible théâtre
Que ne peut remuer le pied de ses acteurs;
Mes marches d’émeraude et mes parvis d’albâtre,
Mes colonnes de marbre ont les dieux pour sculpteurs.
Je n’entends ni vos cris ni vos soupirs; à peine

Je sens passer sur moi la comédie humaine
Qui cherche en vain au ciel ses muets spectateurs.

“Je roule avec dédain, sans voir et sans entendre,
A côté des fourmis les populations;
Je ne distingue pas leur terrier de leur cendre,
J’ignore en les portant les noms des nations.
On me dit une mère et je suis une tombe.
Mon hiver prend vos morts comme son hécatombe,
Mon printemps ne sent pas vos adorations.

” Avant vous, j’étais belle et toujours parfumée,
J’abandonnais au vent mes cheveux tout entiers:
Je suivais dans les cieux ma route accoutumée,
Sur l’axe harmonieux des divins balanciers.
Après vous, traversant l’espace où tout s’élance,
J’irai seule et sereine, en un chaste silence
Je fendrai l’air du front et de mes seins altiers.”

C’est là ce que me dit sa voix triste et superbe,
Et dans mon coeur alors je la hais, et je vois
Notre sang dans son onde et nos morts sous son herbe
Nourrissant de leurs sucs la racine des bois.
Et je dis â mes yeux qui lui trouvaient des charmes:
“Ailleurs tous vos regards, ailleurs toutes vos larmes,
Aimez ce que jamais on ne verra deux fois.”

Oh! qui verra deux fois ta grâce et ta tendresse,
Ange doux et plaintif qui parle en soupirant?
Qui naîtra comme toi portant une caresse
Dans chaque éclair tombe de ton regard mourant,
Dans les balancements de ta tâte penchée,
Dans ta taille indolente et mollement couchée,
Et dans ton pur sourire amoureux et souffrant?

Vivez, froide Nature, et revivez sans cesse
Sous nos pieds, sur nos fronts, puisque c’est votre loi;
Vivez et dédaignez, si vous êtes déesse,
L’Homme, humble passager, qui dut vous être un Roi;
Plus que tout votre règne et que les splendeurs vaines
J’aime la majesté des souffrances humaines:
Vous ne recevrez pas un cri d’amour de moi.


And Nature said: ” I am that theatre
Insentient, unmoved by any actor.
My emerald stairs, my courts of alabaster,
My marble halls are sculpted by the Gods.
Nought do I hear, nor cries or moans,
And barely feel those that do play on me
Scanning the silent sky for audience.




Revolving with disdain and deaf to all,
I cannot tell mankind from seething ants.
Nor cannot tell their cities from their graves.
I bear the nations’ names yet know them not.
They call me Mother, and I am a Tomb.
My winter claims a frozen holocaust,
My spring impassive to your sacrifice.

Before you came I was perfumed and fair
My hair abandoned to the untamed breeze,
I followed in the skies my fated orbit,
Harmonious and predetermined way.
When you have gone, ploughing through darting space,
Serene and solitary, chaste and mute,
Still will I cleave the sky with haughty brow.

Thus sad and proud was Nature’s voice to me,
And in my heart I hate her and I see
Blood on her waves, our dead beneath the sward,
Feeding the trees with all their dying juice.
And yet I was bewitched by all her charms
And said: ” Avert your gaze, dry up your tears,
Love only that which passes and will die”

Who will see twice your grace and tenderness,
0 my sweet love, and angel of my life?
When shall I ever see your love again
In the soft lightning of your suffering eyes,
In the soft subtle bending of your head,
And the soft outline of your willow form,
And your pure smile of love and suffering.

Live on, cold Nature, live on without end,
Beneath us and above, since this is law,
Live on, and if you’re God indeed, disdain
Mere Man, a transient and yet your King.
More than your realm and all your splendours vain,
I love the majesty of human pain:
You will receive no cry of love from me.







Trans. copyright © Stan Solomons 2006

LA MORT DU LOUPTHE DEATH OF THE WOLF
Alfred de Vignytrans. Stan Solomons
I

Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l’incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l’horizon.
Nous marchions, sans parler, dans l’humide gazon, 
Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes, 
Nous avons aperçu les grands ongles marqués
Par les loups voyageurs que nous avions traqués.
Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu. – Ni le bois ni la plaine
Ne poussaient un soupir dans les airs; seulement
La girouette en deuil criait au firmament;
Car le vent, élevé bien au-dessus des terres,
N’effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
Et les chênes d’en bas, contre les rocs penchés,
Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés 
Rien ne bruissait donc, lorsque, baissant la tête,
Le plus vieux des chasseurs qui s’étaient mis en quête 
A regardé le sable en s’y couchant; bientôt, 
Lui que jamais ici l’on ne vit en défaut,
A déclaré tout bas que ces marques récentes 
Annonçaient la démarche et les griffes puissantes
De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux.
Nous avons tous alors prépare nos couteaux, 
Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches,
Nous allions pas à pas en écartant les branches.
Trois s’arrêtent, et moi, cherchant ce qu’ils voyaient,
J’aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,
Et je vois au-delà quatre formes légères
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,
Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux,
Quand le maître revient, les lévriers joyeux.
Leur forme était semblable, et semblable la danse;
Mais les enfants du Loup se jouaient en silence, 
Sachant bien qu’à deux pas, ne dormant qu’à demi,
Se couche dans ses murs l’homme, leur ennemi.
Le père était debout, et plus loin, contre un arbre,
Sa louve reposait comme celle de marbre
Qu’adoraient les Romains, et dont les flancs velus 
Couvaient les demi-dieux Remus et Romulus.
Le Loup vient et s’assied, les deux jambes dressées,
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s’est jugé perdu, puisqu’il était surpris,
Sa retraite compté et tous ses chemins pris;
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante,
Il n’a pas deserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair,
Et nos couteaux aigüs qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu’au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu’à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang;
Nos fusils l’entouraient en sinistre croissant. 
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche, 
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.

II

J’ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
Me prenant à penser, et n’ai pu me résoudre
A poursuivre sa Louve et ses fils, qui, tous trois,
Avaient voulu l’attendre, et, comme je le crois,
Sans ses deux louveteaux, la belle et sombre veuve
Ne l’eût pas laissé seul subir la grande épreuve;
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
A ne jamais entrer dans le pacte des villes
Que l’homme a fait avec les animaux serviles
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Les premiers possesseurs du bois et du rocher.

III

Hélas, ai-je pensé, malgré ce grand nom d’Hommes
Que j’ai honte de nous, débiles que nous sommes!
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
C’est vous qui le savez, sublimes animaux!
A voir ce que l’on fut sur terre et ce qu’on laisse,
Seul le silence est grand; tout le reste est faiblesse.
Ah! je t’ai bien compris, sauvage voyageur,
Et ton dernier regard m’est allé jusqu’au coeur!
Il disait: “Si tu peux, fais que ton âme arrive,
A force de rester studieuse et pensive,
Jusqu’à ce haut degré de stoïque fierté
Où, naissant dans les bois, j’ai tout d’abord monté.
Gémir, pleurer, prier est également lâche 
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche 
Dans la voie où la sort a voulu t’appeler,
Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler.”
I

The dark clouds sped across the orange moon
As smoke trails streak across a fire
And to the far horizon woods were black. 
Silent we walked amid the dewy grass,
Amid dense briars and the vaulting heather
Until beneath some moorland conifers
We saw great gashes, marks of griping claws
Made by the wandering wolves we tracked. 
We listened, holding back our breath, 
Stopped in mid-stride. Nor wood nor plain 
Loosed murmurs to the air, only
The mourning wind-vane cried out to the sky
For well above the ground the biting wind 
Only disturbed the solitary tower
And the oaks within the shelter of the rocks 
On their gnarled elbows seemed to doze. 
No rustle then, but sudden, stooping low 
The most experienced hunter of our band 
Better to scrutinize the sand, 
Softly declared – and he was never wrong –
That these fresh claw-marks showed without a doubt
These were the very animals we sought, 
The two great wolves and their two stripling cubs.
And then we all prepared our hunting knives,
Hiding our guns and their fierce tell-tale gleam, 
We went on, step by step, parting the bushy screen.
Three of us stopped, and, following their gaze, 
I noticed suddenly two eyes that blazed, 
And further off, two slender forms together, 
Dancing beneath the moon, amid the heather. 
And they were like the hounds that show their joy, 
Greeting their master with a wondrous noise. 
And they were like; like also was the dance 
Save that the cubs played all in silence, 
Knowing full well that near and sleeping slow, 
Secure inside his house was man their foe.
The father wolf was up, further against a tree 
Remained his mate, a marble statue she, 
The same adored by Rome whose generous breast 
And suckling gave Remus and Romulus.
The sire advanced with fore-legs braced to stand 
With cruel claws dug deeply in the sand. 
He was surprised and knew that he was lost
For all the ways were seized, retreat cut off. 
Then, in his flaming maw, with one fell bound 
Seized the bare throat of our bravest hound.
Like traps his steely jaws he would not leash, 
Despite our bullets searing through his flesh,
And our keen knives like cruel and piercing nails,
Clashing and plunging through his entrails. 
He held his grasp until the throttled hound, 
Dead long before, beneath his feet slumped down. 
The Wolf then let him drop and looked his fill 
At us. Our daggers thrust home to the hilt, 
Steeped in his blood impaled him to the ground, 
Our ring of rifles threaten and surround. 
He looked at us once more, while his blood spread 
Wide and far and his great life force ebbed 
Not deigning then to know how he had died 
Closed his great eyes, expired without a cry.

II

I couched my brow upon the smoking gun,
And deep in thought, I tried to bend my mind
To track the She-Wolf and her two young ones,
They would most willingly have stayed behind.
But for her cubs that fine and sombre mother
Would not have left her mate there to endure,
She had to save her children, nothing other,
Teach them to suffer gladly pangs of hunger,
Not sell their souls, enter that dishonourable
Pact man forced upon those hapless beasts
Who fawn and hunt for him, and do his will;
The primal owners of the hills and forests.

III

Alas, I thought, despite the pride and name
Of Man we are but feeble, fit for shame. 
The way to quit this life and all its ill 
You know the secret, sublime animal! 
See what of earthly life you can retain, 
Silence alone is noble – weakness remains. 
O traveller I understand you well, 
Your final gaze went to my very soul. 
Saying: “With all your being you must strive
With strength and purpose and with all your thought
To gain that high degree of stoic pride 
To which, although a beast I have aspired.
Weeping or praying – all this is in vain. 
Shoulder your long and energetic task, 
The way that Destiny sees fit to ask, 
Then suffer and so die without complaint.”

Trans. copyright © Stan Solomons 2006

Henri de Régnier

JARDIN SOUS LA PLUIEGARDEN IN THE RAIN
Henri de Régniertrans. Stan Solomons
La croisée est ouverte; il pleut 
Comme minutieusement, 
A petit bruit et peu à peu,
Sur le jardin frais et dormant.

Feuille à feuille la pluie éveille 
L’arbre poudreux qu’elle verdit;
Au mur on dirait que la treille 
S’étire d’un geste engourdi.

L’herbe frémit, le gravier tiède
Crépite et l’on croirait là-bas 
Entendre sur le sable et l’herbe 
Comme d’imperceptibles pas.

Le jardin chuchote et tressaille 
Furtif et confidentiel; 
L’averse semble maille à maille
Tisser la terre avec le ciel.

Il pleut, et, les yeux clos, j’écoute
De toute la pluie à la fois 
Le jardin mouillé qui s’égoutte
Dans l’ombre que j’ai faite en moi.
Outside the window seeps,
Finely and noiselessly, the rain 
Across the window pane. 
And the cool garden sleeps.

Leaf after leaf, the rain awakes 
The dusty tree and slakes 
Its green thirst, while the vine 
From its coiled sleep unwinds.

The warm gravel drinks its fill, 
The grasses tremble, and around, 
Deceptive rustling of unreal 
Footsteps and their phantom sound.

The garden shudders and the flowers
Whisper together, shy, 
While stitch by stitch the showers 
Weave earth to sky.

Eyes closed, I listen
To that internal rain 
That drips and glistens 
Within the garden of my pain.

Trans. Copyright © Stan Solomons 2006

MON AMOURMY LOVE
Henri de Régniertrans. Stan Solomons


Si j’ai parlé de mon amour,
C’est à l’eau lente
Qui m’écoute quand je penche 
Sur elle:

Si j’ai parlé
De mon amour, c’est au vent
Qui rit et chuchote 
entre les branches.

Si j’ai parlé de mon amour,
C’est à l’oiseau
Qui passe et chante 
Avec le vent.

Si j’ai parlé 
C’est à l’écho.

Si j’ai aimé de grand amour, 
Triste ou joyeux, 
Ce sont tes yeux; 

Si j’ai aimé de grand amour,
Ce fut ta bouche grave et douce,
Ce fut ta bouche;

Si j’ai aimé de grand amour, 
Ce furent ta chair tiède 
Et tes mains fraîches, 

Et c’est ton ombre 
Que je cherche. 


If I have spoken of my love,
‘Tis to the slow stream 
That listens when I lean 
Above.

If I have spoken
Of my love, ’tis to the breeze
Laughing and whispering 
in the trees.

If I have spoken of my love,
‘Tis to the bird 
That sings and skims
With the wind.

If I have spoken so 
‘Tis to the echo.

If I loved greatly,
Sadly or happily.
It was your gaze

If my love was great
It was your lips so sweet,
Gentle and grave.

If I have loved so much
It was your warm flesh
And your cool touch

And it is your shadow
That I seek now.

Trans. Copyright © Stan Solomons 2006

Théodore de Banville

L’AUTOMNEAUTUMN
Théodore de Banvilletrans. Stan Solomons
Sois le bienvenu, rouge Automne,
Accours dans ton riche appareil,
Embrase le coteau vermeil
Que la vigne pare et festonne.

Père, tu rempliras la tonne
Qui nous verse le doux sommeil;
Sois le bienvenu, rouge Automne,
Accours dans ton riche appareil.

Déjà la Nymphe qui s’étonne,
Blanche de la nuque à l’orteil,
Rit aux chants ivres de soleil
Que le gai vendangeur entonne.
Sois le bienvenu, rouge Automne.
Welcome to thee, red Autumn!
Draw near in thy sumptuous gown.
Enflame the vine with vermilion,
The twining grapes to bursting.

Fill the wine vat overflowing
With wine pouring forth sweet swoon.
Welcome to thee, red Autumn!
Approach in thy sumptuous gown.

Already the nymphs are dancing,
So fair and pale and slim
They laugh at the song of the sun
That the joyous harvesters sing.
Welcome to thee, red Autumn!

Trans. copyright © Stan Solomons 2006

SOUS BOISPROCESSION
Théodore de Banvilletrans. Stan Solomons


À travers le bois fauve et radieux,
Récitant des vers sans qu’on les en prie,
Vont, couverts de pourpre et d’orfèvrerie,
Les Comédiens, rois et demi-dieux.

Hérode brandit son glaive odieux;
Dans les oripeaux de la broderie,
Cléopâtre brille en jupe fleurie
Comme resplendit un paon couvert d’yeux.

Puis, tout flamboyants sous les chrysolithes,
Les bruns Adonis et les Hippolytes
Montrent leurs arcs d’or et leurs peaux de loups.

Pierrot s’est chargé de la dame-jeanne.
Puis après eux tous, d’un air triste et doux
Viennent en rêvant le Poète et l’Âne.


Through the wild and radiant woods
Prating impromptu poetry
Came clowns and kings and demigods.
In purple and in jewellery

Brandishing his sword King Herod
Proud in tinsel broidery 
And Cleopatra, in her finery,
Resplendent as a peacock

Aflame with gems and chrysolite,
Bronzèd Adonis and Hippolyte
With bows of gold, in their wolf skins

Pierrot laden with his flask of wine,
And last, gentle and sad and dreaming,
The Poet and the Ass in their own time.

Trans. copyright © Stan Solomons 2006

Remi Belleau

AVRIL (extrait)from APRIL
Remi Belleautrans. Stan Solomons


Avril, la grace, et le ris
De Cypris,
Le flair et la douce haleine:
Avril, le parfum des Dieux,
Qui des cieux
Sentent l’odeur de la plaine.

C’est toy, courtois et gentil,
Qui d’exil
Retires ces passagères, 
Ces arondelles qui vont,
Et qui sont
Du printemps les messagères.

L’aubespine et l’aiglantain,
Et le thym,
L’oeillet, le lis et les roses
En ceste belle saison,
A foison,
Monstrent leurs robes ecloses.




April, the grace and smile 
That all beguile,
The tang and the sweet breath:
Perfume of Gods on high,
Who from the sky
Relish the scent of earth.
April, courteous and gentil
Who from exile
Summons the wanderers,
The forked swifts that skim
Their way and seem
Of Spring the messengers.
May-flower and eglantine,
And verdant thyme,
Lilies and roses red
At this so beauteous tide,
Growing in pride
With lovely raiment spread.


Trans. Copyright © Stan Solomons 2006

Video of setting by D W Solomons for guitar and alto

Guillaume Apollinaire

Les Sapins

LES SAPINSTHE PINES
Guillaume Apollinairetrans. Stan Solomons

Les sapins en bonnnets pointus
De longues robes revêtues
……Comme des astrologues
Saluent leurs frères abattus
Les bateaux qui sur le Rhin voguent.
 
Dans les sept arts endoctrinés
Par les vieux sapins leurs ainés
……Qui sont de grands poètes
Ils se savent prédestinés
A briller plus des planètes.
 
A briller doucement changes
En étoiles et en neiges
……Aux Noëls bienheureuses
Fêtes des sapins en songes
Aux longues branches langoureuses.
 
Les sapins beaux musiciens
Chantent des noëls anciens
……Au vent des soirs d’automne
Ou bien graves musiciens
Incantent le ciel quand il tonne
 
Des rangées de blancs chérubins
Remplacent l’hiver les sapins
……Et balancent leurs ailes
L’été ce sont de grands rabbins
Ou bien de vieilles demoiselles.
 
Sapins médecins divagants
Ils vont offrant leurs bons onguents
……Quand la montagne accouche
De temps en temps sous l’ouragan 
Un vieux sapin geint et se couche.


In pointed hats the pines
Decked in long gowns
Like ancient alchemists
Salute the boats upon the Rhine,
Brethren hewn down.
 
Tutored in seven secret arts 
By older trees their kin
But greater poets,
Learning they are pre-destined
To outshine all the planets.
 
Softly changed into stars
And the dreaming of pines
Snow spangled and fine
As the stars all should be
At joyous Christmas.
 
They are wondrous musicians,
Chanting  melodies so ancient
Upon the dusk wind of the fall.
Or else fell magicians,
Into the thunder casting spells.
 
Transmuted the winter pines
Into rows of cherubim
Softly swaying white wings.
In summer tide they seem
Rabbis or old virgins …
 
Shamans all, the pines
Offering their cure-alls
Mountains in birth pains
And there midst hurricanes
From time to time befalls
An old pine groans and falls.

Trans. copyright © Stan Solomons 2006

La Jolie Rousse

LA JOLIE ROUSSETHE PRETTY REDHEAD
Guillaume Apollinairetrans. Stan Solomons
Me voici devant vous un homme plein de sens
Connaissant la vie et la mort ce qu’un vivant peut connaître
Ayant éprouvé les douleurs et les joies de l’amour
Ayant su quelquefois imposer ses idées 
Connaissant plusieurs langages
Ayant pas mal voyagé
Ayant vu la guerre dans l’Artillerie et l’Infanterie
Blessé à la tête trépané sous le chloroforme
Ayant perdu ses meilleurs amis dans l’effroyable lutte
Je sais d’ancien et de nouveau autant qu’un homme seul pourrait
Des deux savoir sans m’inquiéter aujourd’hui de cette guerre
Entre nous et pour nous mes amis
Je juge cette longue querelle de la tradition et l’invention
De l’Ordre et de l’Aventure
Vous dont la bouche est faite à l’image de celle de Dieu
Bouche qui est l’ordre même
Soyez indulgents quand vous nous comparez 
A ceux qui furent la perfection de l’ordre 
Nous qui quétons partout l’aventure

Nous ne sommes pas vos ennemis
Nous voulons vous donner de vastes et d’étranges domaines
Où le mystère en fleurs s’offre à qui veut le cueillir 
Il y a là des feux nouveaux des couleurs jamais vues
Mille phantasmes impondérables
Auxquels il faut donner de la réalité
Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait
Il y a aussi le temps qu’on peut chasser ou faire revenir 
Pitié pour nous qui combattons toujours aux frontières
De l’illimité et de l’avenir
Pitié pour nos erreurs pitié pour nos péchés

Voici qui revient l’été la saison violente
Et ma jeunesse est morte ainsi que le printemps
O Soleil c’est le temps de la Raison ardente
Et j’attends
Pour la suivre toujours la forme noble et douce
Qu’elle prend afin que je l’aime seulement
Elle vient et m’attire ainsi qu’un fer l’aimant
Elle a l’aspect charmant
D’une adorable rousse
Ses cheveux sont d’or on dirait 
Un bel éclair qui durerait
Ou ces flammes qui se pavanent
Dans les roses-thé qui se fanent

Mais riez riez de moi
Hommes de partout surtout gens d’ici
Car il y a tant de choses que je n’ose vous dire
Tant de choses que vous ne me laisseriez pas dire 
Ayez pitié de moi
Here before all I stand, a man of sense Life-wise,
Death-wise so far as mortals know
Experienced in the pain and joy of love
Able at times to influence
Fluent in several tongues
Knowing the world
Served with the guns and in the trenches
Head wounded and trepanned
Lost my best friends
Knowing of New and Old as much as man may know
Not greatly bothered with the present war
Between ourselves and for my friends
I judge this chronic quarrel of tradition and invention
Of Order and Adventure
You whose lips are made in the image of God
Lips that are order itself
be kind when you compare us
To those who were the very essence of order
We who seek out adventure everywhere.

We’re not your enemies
We’d give you vast and strange domains
Where mystery in bloom is for the taking
There are new flames, colours never seen
A thousand ineffable fantasies
To which reality is crying to be lent
We would explore the Good – vast land where all is still
There is the time to hunt or to recall
So pity us who fight on frontiers
Of the infinite and the future
Pity our errors pity our sins

Here comes the Summer, season of violence
My youth is dead as is the Spring
O Sun, this is the time of burning Reason
And I await
Her gentle noble form
That she assumes to make me love her
Coming to lure me like a lode
She has a charm
Of copper hair
That sometimes is of gold
Fine lasting lightning
Woven of flames that flash
And fade among the tea roses

By all means laugh at me
Men from all parts, above all folk from here
For there are many things I dare not speak
So many things you would not let me say
Therefore have pity on me.

Trans. copyright © Stan Solomons 2006

Le Pont Mirabeau

LE PONT MIRABEAUMIRABEAU BRIDGE
Guillaume Apollinairetrans. Stan Solomons
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
…………Et nos amours
…..Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine

…………Vienne la nuit sonne l’heure
…………Les jours s’en vont je demeure


Les mains dans les mains restons face à face
…………Tandis que sous
…..Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse

…………Vienne la nuit sonne l’heure
…………Les jours s’en vont je demeure


L’amour s’en va comme cette eau courante
…………L’amour s’en va
…..Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente

…………Vienne la nuit sonne l’heure
…………Les jours s’en vont je demeure


Passent les jours et passent les semaines
…………Ni temps passé
…..Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

…………Vienne la nuit sonne l’heure
…………Les jours s’en vont je demeure
Mirabeau Bridge the Seine 
…………Carries our love away 
…..Must memory stay 
Joy followed after pain

…………Come night come day
…………Time takes its course I stay


Hand within hand and face to face 
…………Beneath our arching arms 
…..The love-long days 
Streams our eternal gaze

…………Come night come day
…………Time take its course I stay


Like fleeting water love 
…………Flows by flows by
…..And life is long and slow 
With violent hope below

…………Come night come day
…………Time takes its course I stay


Time passes no returning 
…………Neither past pain
…..Nor love nor yearning
Mirabeau Bridge there flows the Seine.

…………Come night come day
…………Time takes its course I stay.

Trans. copyright © Stan Solomons 2006

Page 3 of 6

© Pete Gallagher - PJG Creations Ltd