LES CONQUÉRANTS | THE CONQUERORS |
José-Maria de Hérédia, | trans. Stan Solomons |
Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal, Fatigués de porter leurs misères hautaines, De Palos et Merguer, routiers et capitaines Partaient, ivres d’un rêve héroique et brutal. Ils allaient conquérir le fabuleux métal Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines, Et les vents alizés inclinaient leurs antennes Aux bords mystérieux du monde ocidental. Chaque soir, espérant des lendemains épiques, L’azur phosophorescent de la mer des Tropiques Enchantait leur sommeil d’un mirage doré Ou, penchés à l’avant des blanches caravelles, Ils regardaient monter en un ciel ignoré Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles. | Out from their native nest like falcons fly Sick of their proud Hispanic poverty, Captains and heroes, soldiers mercenary, Drunken with dreams and with brutality. A golden fable would be theirs to seize, Ripened in Cipango’s distant mines. They trim their latteen sail to the trade winds Towards the New World and its mysteries; Hoping at dusk for what adventure holds, The tropic sea dancing with azure light Enchanting sleep with mirages of gold; Or at the prow, leaning before the ship, Beneath an unknown heaven and the sight Of stranger stars that climb from out the deep. |
Trans. Copyright © Stan Solomons 2005
FUITE DE CENTAURES | FLIGHT OF CENTAURS |
José-Maria de Hérédia, | trans. Stan Solomons |
Ils fuient, ivres de meurtre et de rébellion, Vers le mont escarpé qui garde leur retraite; La peur les précipite, ils sentent la mort prête Et flairent dans la nuit une odeur de lion. Ils franchissent, foulant l’hydre et le stellion, Ravins, torrents, halliers, sans que rien les arrête; Et déjà, sur le ciel, se dresse au loin la crête De l’Ossa, de l’Olympe ou du noir Pélion. Parfois, l’un des fuyards de la farouche harde Se cabre brusquement, se retourne, regarde, Et rejoint d’un seul bond le fraternel bétail; Car il a vu la lune éblouissante et pleine Allonger derrière eux, suprême épouvantail, La gigantesque horreur de l’ombre Herculéenne. | Sated with murder and rebellion They flee towards the peak that guards their lair; Fear drives them on for death lurks in the air, And in the night there wafts the scent of lion. Trampling all before, thicket and fountain Ravine and torrent, never pause for rest, Till on the skyline rears the distant crest Of Ossa, of Olympus or dark Pelion. One of the centaurs quits the fearful rout, Suddenly rearing, stares and turns about, But straight rejoins his fellows in their flight, With one great panic leap because he sees, Stretching behind them in the bright moonlight, The shadow of revengeful Hercules. |
Trans. Copyright © Stan Solomons 2007
LE SAMOURAI | SAMURAI |
José-Maria de Hérédia, | trans. Stan Solomons |
D’un doigt distrait frôlant la sonore biva, A travers les bambous tressés en fine latte, Elle a vu, par la plage éblouissante et plate, S’avancer le vainqueur que son amour rêva. C’est lui. Sabres au flanc, l’éventail haut, il va. La cordelière rouge et le gland écarlate Coupent l’armure sombre, et, sur l’épaule, éclate Le blason de Hizen ou de Tonungawa. Ce beau guerrier vêtu de lames et de plaques, Sous le bronze, la soie et les brillantes laques, Semble un crustacé noir, gigantesque et vermeil. Il l’a vue. Il sourit dans la barbe du masque, Et son pas hâtif fait reluire au soleil Les antennes d’or qui tremblent à son casque. | Lost in her thoughts the sounding lute she plucks, And through the woven screen of bamboo plait, Coming along the shore, dazzling and flat, She sees the victor that her love invokes. He comes with sword on hip and upraised fan, Athwart his sombre mail a scarlet sash And tassel. On his broad shoulders flash Heroic herald badges of Hizen. This handsome warrior in steely plaque, In bronze, in silk, lacquered in brilliant black, Is an enormous scorpion, black and crimson. He sees her, smiles within his vizor mask, And in his haste, gleaming beneath the sun, Twin golden antennae tremble upon his casque. |
Trans. Copyright © Stan Solomons 2007
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