(inspired by the poem “Lune sur mer” by Gérard d’Houville)
In deep dusk, in deep dusk green,
the crescent moon’s an air of shell sheen,
shot through with curvèd light
and clear …
polished the shells that gleam like her.
Sad moon, you complain and light your spell,
your voice like to the swell of surging sea, surging,
Goddess with thy translucent whisper!
You hush my heart that sore laments;
pour on my dreams your light.
Pour as do the trees and plants
upon the night flower.
The slim pine black and strained
hoards your song strange beneath its skin.
Moved in cadential doom …
Your song free to the wind,
oh twisted moon!
In my mind still I keep green murmurings of moon and sea, and as the pine tree high copies the sea, the sea sigh of shells. Songs without cease echo your peace oh moon so pale.
Ayant poussé la porte étroite qui chancelle, Je me suis promené dans le petit jardin Qu’éclairait doucement le soleil du matin, Pailletant chaque fleur d’une humide étincelle.
Rien n’a changé. J’ai tout revu: l’humble tonnelle De vigne folle avec les chaises de rotin … Le jet d’eau fait toujours son murmure argentin Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.
Les roses comme avant palpitent; comme avant, Les grands lys orgueilleux se balancent au vent, Chaque alouette qui va et vient m’est connue.
Même j’ai retrouvé debout la Velléda, Dont le plâtre s’écaille au bout de l’avenue, Grêle, parmi l’odeur fade du réséda.
Pushing aside the flimsy narrow gate I slipped into the secret of the garden Lit softly by the early morning sun Where every dewy blossom pricked with light.
Nothing has changed. I see it once again, The rattan chairs, the honeysuckles hang, The silver fountain with its slender song, And still the ague aspen leaves complain.
In the soft breeze the crimson roses blow, And lofty lilies arrogantly sway. Each skylark in its stooping flight I know.
I came across the Druid statuette At the far end in elegant decay, Amid the faded scent of mignonette.
De la musique avant toute chose, Et pour cela préfère l’Impair Plus vague et plus soluble dans l’air, Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.
Il faut aussi que tu n’ailles point Choisir tes mots sans quelque méprise: Rien de plus cher que la chanson grise Où l’indécis au Précis se joint.
C’est des beaux yeux derrière des voiles, C’est le grand jour tremblant de midi, C’est, par un ciel d’automne attiédi, Le bleu fouillis des claires étoiles!
Car nous voulons la Nuance encor, Pas la Couleur, rien que la nuance! Oh! la nuance seule fiance Le rêve au rêve et la flûte au cor!
Fuis du plus loin la Pointe assassine, L’Esprit cruel et le Rire impur, Qui font pleurer les yeux de l’Azur, Et tout cet ail de basse cuisine!
Prends l’éloquence et tords-lui son cou! Tu feras bien, en train d’énergie, De rendre un peu la Rime assagie. Si l’on n’y veille, elle ira jusqu’où?
Ô qui dira les torts de la Rime? Quel enfant sourd ou quel nègre fou Nous a forgé ce bijou d’un sou Qui sonne creux et faux sous la lime?
De la musique encore et toujours! Que ton vers soit la chose envolée Qu’on sent qui fuit d’une âme en allée Vers d’autres cieux à d’autres amours.
Que ton vers soit la bonne aventure Éparse au vent crispé du matin Qui va fleurant la menthe et le thym… Et tout le reste est littérature.
To Charles Morice
Make music above all things. Favour the verse that trails Away into the air, pale, Dissolving to nothing.
Let your words be Vague and indefinite, Precious the grey melody Between infinity and finite
Behind the veil fine eyes The trembling light of noon, Or set in soft autumn Tangled stars in the sky.
We seek only the subtle hint. No colours, nothing but the stream Of vague ideas that link Flute to horn, and dream to dream.
At all costs flee murderous Wit, Cruel word-play, Impure laughter only fit To would-be literati
Take eloquence and kill it dead! And at the same time, Tone and tame the rhyme, Else where may it lead?
The sins of Rhyme! Oh who may tell? What deaf child and what imbecile Has forged for us this penny bauble So meretricious and so hollow?
Music again and ever more Wingèd thoughts be your poetry! From out your soul fleeing far To other loves, to other skies.
Let your verse be a fine adventure Spread by the fresh morning wind, With scents of blossoms and with mint. And all the rest mere literature.
La lune est rouge au brumeux horizon; Dans un brouillard qui danse la prairie S’endort fumeuse, et la grenouille crie Par les joncs verts où circule un frisson;
Les fleurs des eaux referment leurs corolles; Des peupliers profilent aux lointains, Droits et serrés, leurs spectres incertains; Vers les buissons errent les lucioles;
Les chats-huants s’éveillent, et sans bruit Rament l’air noir avec leurs ailes lourdes, Et le zénith s’emplit de lueurs sourdes. Blanche, Vénus émerge, et c’est la Nuit.
On the horizon moonlight bleeds, And in the swirling mist that creeps The frogs cry out amid the reeds And the lea lies in smoky sleep.
The water lilies fold their blooms; Stark poplars in a distant line, Uncertain, silhouette their form, And in the bushes fireflies gleam.
The owls awake and noiseless row The dark air with their heavy flight. The sky is tinged with a faint glow. Venus emerges. It is night.
Votre âme est un paysage choisi Que vont charmant masques et bergamasques Jouant du luth et dansant et quasi Tristes sous leurs déguisements fantasques.
Tout en chantant sur le mode mineur L’amour vainqueur et la vie opportune, Ils n’ont pas l’air de croire à leur bonheur Et leur chanson se mêle au clair de lune,
Au calme clair de lune triste et beau, Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres Et sangloter d’extase les jets d’eau, Les grands jets d’eau sveltes parmi les marbres.
Your soul’s a landscape where I witness Elegant folk swaying and dancing, Playing upon the lute, and singing, Bizarre masks half concealing sadness.
Singing there upon a minor key, A song of love, ruthless and opportune, Not quite believing they are happy, Mingling with the wan light of the moon,
In the calm moonlight, in its sad beauty, Making the birds on branches dream Making the fountains, tall and slim, Set among statues, sob in ecstasy.
Souvenir, souvenir, que me veux-tu? L’automne Faisait voler la grive à travers l’air atone, Et le soleil dardait un rayon monotone Sur le bois jaunissant où la bise détone.
Nous étions seul à seule et marchions en rêvant, Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent. Soudain, tournant vers moi son regard émouvant: “Quel fut ton plus beau jour?” fit sa voix d’or vivant,
Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique. Un sourire discret lui donna la réplique, Et je baisai sa main blanche, dévotement.
– Ah! les premières fleurs, qu’elles sont parfumées! Et qu’il bruit avec un murmure charmant Le premier “oui” qui sort de lèvres bien-aimées!
Memory, what would you have of me? Autumn Drove the thrush up through the atonic air And the pale sun pierced in monotone The chill and windy woods and the leaf flare.
Together but alone we went our ways, Hair blown awry and monad thoughts unfurled. Sudden she turned to me her tender gaze: “What was your finest day?” – a voice of gold,
Dulcet and low, ineffable and fresh. And I said nothing, offered her a smile, Seized her pale hand and pressed a kiss.
Ah those first flowers of spring how sweet they were, And that first whispered “Yes”, how it beguiled, Won from those lovely lips with gentle murmur.
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime, Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur, transparent Pour elle seule, hélas! cesse d’être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse? – Je l’ignore. Son nom? Je me souviens qu’il est doux et sonore, Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues, Et pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L’inflexion des voix chères qui se sont tues.
I often dream this penetrating dream: A stranger, yet she is my lover. She understands me, and each time Is not the same, nor quite another.
She understands me and my heart, Lucid for her alone, ceases to grieve. For she alone can soothe the hurt Her tears give to my soul relief.
What colour is her hair? I cannot tell. Her name? Both resonant and gentle Like those belovèd exiles in the grave.
Her gaze is like the sculpted stone. Her voice is distant, calm, and grave, Like those dear voices that have gone.
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime, Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur, transparent Pour elle seule, hélas! cesse d’être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse? – Je l’ignore. Son nom? Je me souviens qu’il est doux et sonore, Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues, Et pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L’inflexion des voix chères qui se sont tues.
I often dream this strange and probing dream Of one who loves me – love that I return, And always changing, never quite the same, And never different – one who loves and yearns
And understands. My lucid heart is won By her alone, ceases its petty fears For her alone. She soothes my brow so wan, Cooling its fever with her tender tears.
I know not even the colour of her hair. Her name contains soft resonance and fair, Like those beloved ones who are now banished.
Her gaze is sculptural and statue silent, And like her voice is calm and grave and distant, Much like those dear voices that have vanished.
La nuit, dans le silence en noir de nos demeures, Béquilles et bâtons, qui se cognent, là-bas; Montant et dévalant les escaliers des heures, Les horloges, avec leurs pas;
Emaux naïfs derrière un verre, emblèmes Et fleurs d’antan, chiffres maigres et vieux; Lunes des corridors, vides et blêmes, Les horloges, avec leurs yeux;
Sons morts, notes de plomb, marteaux et limes, Boutique en bois de mots sournois et le babil des secondes minimes, Les horloges, avec leurs voix;
Gaines de chêne et bornes d’ombre, Cercueils scellés dans le mur froid, Vieux os du temps que grignote le nombre, Les horloges et leur effroi;
Les horloges Volontaires et vigilantes, Pareilles aux vieilles servantes Boîtant de leurs sabots ou glissant sur leurs bas, Les horloges que j’interroge Serrent ma peur en leur compas.
In the dark silence of the home Crutches and walking sticks Go up and down the stairs of time. The clocks.
Enamelled flowers, old devices, Numerals old and lean On looming lunar faces May be seen.
Hammer and ratchet, leaden chime And crafty wooden words. The conversation of the time May be heard.
Dark time posts in the hall, Coffins sealed in the wall, Bones of old time, devoured by the hours,
The clocks, Willing and vigilant, Limp like ancient servants, Up and down the years, In their clogs Inspiring fear.
Sur ce dessein je commanday qu’en haste On fist bastir un grand palais de paste, Pour avec l’ail, l’anchoye au teint vermeil, Le poivre blanc et le clou nonpareil, Loger le roy ce jambon que je prosne, Ce digne mets qui des mets tient le trosne.
Dés que le four eut accompli l’ouvrage, Dés que chez moy, tout chaud et sans naufrage, Ce beau jambon, cet illustre paste, Couronne en chef, fut en pompe apporté, L’un proferoit d’une voiz aiguisée: Il est, parbleu! tendre comme rosée; L’autre, coulant un long trait de muscat Sur le morceau friand et delicat, Faisait ouir: Ha! qu’ils sont doux ensemble! Que leur vertu s’accorde et se ressemble! Et l’écho mesme, au grand mot de jambon, De tous cotez redisoit: Bon, bon, bon. Là les couteaux, brusques à leur office, S’entr’enviant l’honneur du sacrifice, Sembloient débattre à qui le toucheroit, Ou pour mieux dire, à qui le trencheroit; Et toutefois, à le voir sous les playes Que luy faisoient nos mains libres et gayes, On auroir creu qu’en ces doux accidens Sa gentillesse eust dit entre les dents:
Chers ennemis, je bénis mes blessures, Je suis heureux d’éprouver vos morsures, Puis que le sort m’ordonne si noblement De vous servir d’agréable aliment; Ma chair de beste en chair d’homme changée Sera tantost à vos dents obligée. Poursuivez donc et ne m’épargnez pas En vos fureurs je trouve mes appas.
With this intent I ordered with all speed A giant pastry palace to be made, And therein garlic, rosy anchovy, Sprinkled with pepper and with clove, To house in royal state the luscious gammon, Dish above all and king upon its throne.
And when the oven had performed its task, Straight to my table, safe and piping hot, This beauteous ham within its pastry pot, Crowned in crust was brought with solemn motion. One of the guests – voice cracking with emotion – Vouchsaved: “Egad! ’tis tender as a peach.” Another, quaffing lengthily the muscat After the morsel, dainty, delicate, Opined: “A marvellous match! A sweet ensemble! A pleasing complement of virtues mingled!” The very echo at the shout of “Gammon!” From all sides did resound: “Come on! Come on!” Whilst in the rattling ritual the knives, Keen rivals in the solemn sacrifice, Clashing to beat each other to the touch, Or, as it might be, to the cut and thrust. And yet one might believe, seeing the wounds, Carved by our merry carefree hands – “Zounds!” The gentle gammon benevolently mumbled, The while beset, beleaguered and still humble.
“Dear enemies, I give my benison, Happy ’tis me you eat, not venison. It is my noble and distinguished Fate To serve you personally on a plate. My flesh to human flesh transmogrify, Since shortly to your teeth I shall comply. Lay on then! and stay not upon your leisure! For in your appetite I find my pleasure.
Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avait déclose Sa robe de pourpre au soleil, A point perdu cette vesprée Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au votre pareil.
Las! Voyez comme en peu d’espace, Mignonne, elle a dessus la place, Las, las ses beautéz laissé cheoir! O vrayment marastre Nature, Puisqu’une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir!
Donc, si vous me croyez, mignonne, Tandis que vostre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez vostre jeunesse: Comme à ceste fleur, la vieillesse Fera ternir vostre beauté.
Darling, come see the rose so red, Which this morn timidly had spread Her mantle to the eye of day. Come see if she has lost this e’en Her crimson pleated robe’s soft sheen, That same blush which on your cheek plays.
See how in but a paltry hour She has let fall her ailing flower. Her beauty lies there in the dust! Alas! How cruel is Mother Nature, Since such a blossom can endure Only from trembling dawn to dusk.
Darling you must indeed believe, Whilst innocence within you cleaves The bud and blooms in purity, Garner the gifts of tender youth, For, like this flower, age in sooth Will sadly spoil and tarnish beauty.
Video of setting by D W Solomons for guitar and alto
MARIE, LEVEZ-VOUS …
MARIE, FOR SHAME …
Pierre de Ronsard
tr. Stan Solomons
Marie, levez-vous, vous estes paresseuse, Jâ la gaye alouette au ciel a fredonné, Et jâ le rossignol doucement jargonné, Dessus l’espine assis, sa complainte amoureuse.
Sus debout, allons voir l’herbelette perleuse, Et vostre beau rosier de boutons couronné, Et vos oeillets mignons auxquels aviez donné Hier au soir de l’eau d’une main si soigneuse.
Harsoir en vous couchant vous jurastes vos yeux, D’estre plustost que moy ce matin esveille; Mais le dormir de l’aube, aux filles gracieux,
Vous tient d’un sommeil encor les yeux sillés, ça ça que je les baise et vostre beau tétin Cent fois pour vous apprendre a vous lever matin.
Marie, for shame, you lie abed too long. The gay lark to the sky has told its tale, And the sweet prattle of the nightingale Perched on the thorn pours forth a love-lorn song.
Arise! Let us go view the dewy land, With handsome roses in their nascent flower, And darling pinks, watered with loving care And gentleness, at dusk, by your own hand.
But yesternight a solemn vow you made To stir sooner than me, to wake and rise; But Dawn’s soft beauty sleep, a boon to maids
Entraps you still, prisons your lazy eyes. There, let me kiss them both a hundred times, To teach you what it is to rise betimes.
Video of string quintet by D W Solomons based on this translation
COMME ON VOIT SUR LA BRANCHE …
AS GLEAMS THE ROSE-BUD …
Pierre de Ronsard
tr. Stan Solomons
Comme on voit sur la branche, au mois de mai, la rose, En sa belle jeunesse, en sa premiere fleur, Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur, Quand l’aube, de ses pleurs, au point du jour l’arrose;
La Grace dans sa feuille, et l’Amour se repose, Embaumant les jardins et les arbres d’odeur; Mais, battue ou de pluie ou d’excessive ardeur, Languissante, elle meurt, feuille a feuille déclose;
Ainsi, en ta premiere et jeune nouveauté, Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté, La Parque t’a tuée, et cendre tu reposes.
Pour obseques recois mes larmes et mes pleurs, Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs, Afin que, vif et mort, ton corps ne soit que roses.
As gleams the rose-bud in the month of May In the first flush of youth and velvet flower Rendering Heaven jealous of her colour Brimming with dawn tears at the break of day;
Within her petals love and grace both dwell, Perfuming all the gardens and the trees. Yet stricken by the rain or heat she dies, Swooning away, with petals all unfurled.
And so it is, fresh in your tender years, When earth and sky lauded your comeliness, Fate struck you down, ashes alone are left.
In tender memory receive my tears A sad libation to refresh these posies, So that, alive or dead, you are but roses.
Video of setting by D W Solomons for guitar and alto
QUAND VOUS SEREZ BIEN VIEILLE …
WHEN YOU ARE OLD AND GREY …
Pierre de Ronsard
tr. Stan Solomons
Quand vous serez bien vieille, au soir, a la chandelle, Assise aupres du feu, dévidant et filant, Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant: “Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle!”
Lors, vous n’aurez servante oyant telle nouvelle, Déja sous le labeur a demi sommeillant, Qui au bruit de Ronsard ne s’aille réveillant, Bénissant votre nom de louange immortelle.
Je serai sous la terre, et, fantome sans os, Par les ombres myrteux je prendrai mon repos: Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour et votre fier dédain. Vivez, si m’en croyez, n’attendez a demain: Cueillez des aujourd’hui les roses de la vie.
When you are old and grey at eventide Huddled around the fire and gossiping, You’ll wonder at my poems and their ring, That to posterity your Ronsard would confide.
There’ll be no servant at such blessèd news Though drooping on her work in gentle doze But she will straightway start and rise, And heap upon yourself immortal praise.
I’ll be a spectre buried in the earth, And with the shadows taking my repose. You’ll be a shrivelled maid around the hearth,
Regretting love and your disdain with sorrow. Live life today, believe me, not tomorrow: Enjoy its blossom and its fragrant rose.
C’est un trou de verdure où chante une rivière Accrochant follement aux herbes des haillons D’argent; où le soleil de la montagne fière, Luit; c’est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort; il est étendu dans l’herbe, sous la nue, Pale dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme: Nature, berce-le chaudement: il a froid.
Les parfums ne font plus frissonner sa narine; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine Tranquille. Il a deux trous rouges au coté droit.
A gap within the green, river in song Hanging its silver on the grasses long, Where the proud mountain sun alights. A little valley, bubbling with light,
There sleeps a soldier, head bare, mouth agape. With cool blue water-weeds stroking his nape, Splayed on the grass beneath the lofty sky, Pale in his green bed in the falling light.
Among the lily flowers he sleeps and smiles, As smiles a frail child, drowsing the while. Keep him and warm him, Nature! He is cold!
No longer will the sweetest scents caress His nostrils; sleeping, sunlit, hand on breast, At peace. In his right breast two crimson holes.
Rians vairs yeulx qui mon cuer avez pris Par vos regars pleins de las amoureux A vous me rens, si me tiens eureux D’estre par vous si doulcement surpris
On ne pourroit sommer le très grant pris De vos grans biens qui tant sont savoureux Rians vairs yeulx qui mon cuer avez pris
Tant estes doulx, plaisant et bien apris Qu’au monde na homme si douleureux Que, s’un regart en avoit doulcereux Que tantost n’eust pas vous confort repris, Rians vairs yeulx qui mon cuer avez pris.
My heart is slave to grey blue laughing eyes To your regard brimming with loving sadness I give myself to you, so full of happiness Seeing you render me such sweet surprise
One could not count the joy and the great prize Of virtues so perfumed and sensuous My heart is slave to grey blue laughing eyes
So soft and pleasant, such a lovely prize That no man in the world however sad Target of such a gentle, tender gaze Would straightway change his humour to the glad My heart is slave to grey blue laughing eyes.
Note: A Rondeau is a form of French poetry with 15 lines written on two rhymes, This shortened poem is more strictly termed a ‘Rondel’. It was most commonly set to music between the late 13th and the 15th centuries.
Laissons le lit et le sommeil, Ceste journée: Pour nous l’aurore au front vermeil Est déjà née. Or que le ciel est le plus gay En ce gracieux mois de may Aimons mignonne. Contentons notre ardent désir: En ce monde n’a du plaisir Qui ne s’en donne.
Viens, belle, viens te pourmener Dans ce bocage. Entends les oiseaux jargonner De leur ramage. Mais écoute comme sur tous Le rossignol est le plus doux, Sans qu’il se lasse. Oublions tout deuil, tout ennuy Pour nous resjouyr comme lui: Le temps se passe.
Ce vieillard, contraire aux amants Des aisles porte, Et, en fuyant, nos meilleurs ans Bien loing emporte. Quand ridée un jour tu seras, Mélancolique, tu diras: J’estoy peu sage, Qui n’usoi point de la beauté Que si tost le temps a osté De mon visage.
Laissons ce regret et ce pleur A la vieillesse; Jeunes, il faut cueillir la fleur De la jeunesse. Or que le ciel est le plus gai, En ce gracieux mois de mai, Aimons mignonne. Contentons notre ardent désir: En ce monde n’a du plaisir Qui ne s’en donne.
Let us leave sleep for now This lovely morn: For dawn with crimson brow Is newly born. Now when the sky is gay In the fine month of May, Now let us love and play, Indulge our heart’s desire. In this world there’s no pleasure But what you give each other.
Come darling, come and walk Within the grove, And listen to the talk Of birds in love. And harken above all To the sweet nightingale Who takes no rest. Let us forget all harm Rejoice like him For Time goes past.
For winged Time doth bear From lovers all Their tender years Beyond recall. One day you’ll wrinkled be And sadly you will say “In sooth I was not wise To use not beauty’s boon, For Time has robbed so soon My handsome guise.”
Let us leave all these tears To Age uncouth; Young, we should garner years Of fragrant youth. Now that the sky is gay In this fine month of May, Now let us love and play, Indulge our heart’s desire. In this world there’s no pleasure But what you give each other.
J’ay perdu ma Tourterelle: Est-ce point celle que j’oy? Je veus aller aprés elle. Tu regretes ta femelle, Helas! aussi fai-je moy, J’ay perdu ma Tourterelle. Si ton Amour est fidelle, Aussi est ferme ma foy, Je veus aller aprés elle. Ta plainte se renouvelle; Tousjours plaindre je me doy: J’ay perdu ma Tourterelle. En ne voyant plus la belle Plus rien de beau je ne voy: Je veus aller aprés elle. Mort, que tant de fois j’appelle, Pren ce qui se donne à toy: J’ay perdu ma Tourterelle, Je veus aller aprés elle.
I’ve lost my Turtledove Is it not she I hear? Fain would I follow her. You lack your lady love Alas I do the same I’ve lost my Turtledove If for your love you pine So is my love as firm I should go after her I hear your plaint again And I must grieve alway My love is gone away Seeing no more my dear Nothing more fair I see I must go after her Death whom I ever seek, Take what I offer Thee I’ve lost my Turtledove I must regain her love.