Category: Guillaume Apollinaire
LES SAPINS | THE PINES |
Guillaume Apollinaire | trans. Stan Solomons |
Les sapins en bonnnets pointus De longues robes revêtues ……Comme des astrologues Saluent leurs frères abattus Les bateaux qui sur le Rhin voguent. Dans les sept arts endoctrinés Par les vieux sapins leurs ainés ……Qui sont de grands poètes Ils se savent prédestinés A briller plus des planètes. A briller doucement changes En étoiles et en neiges ……Aux Noëls bienheureuses Fêtes des sapins en songes Aux longues branches langoureuses. Les sapins beaux musiciens Chantent des noëls anciens ……Au vent des soirs d’automne Ou bien graves musiciens Incantent le ciel quand il tonne Des rangées de blancs chérubins Remplacent l’hiver les sapins ……Et balancent leurs ailes L’été ce sont de grands rabbins Ou bien de vieilles demoiselles. Sapins médecins divagants Ils vont offrant leurs bons onguents ……Quand la montagne accouche De temps en temps sous l’ouragan Un vieux sapin geint et se couche. | In pointed hats the pines Decked in long gowns Like ancient alchemists Salute the boats upon the Rhine, Brethren hewn down. Tutored in seven secret arts By older trees their kin But greater poets, Learning they are pre-destined To outshine all the planets. Softly changed into stars And the dreaming of pines Snow spangled and fine As the stars all should be At joyous Christmas. They are wondrous musicians, Chanting melodies so ancient Upon the dusk wind of the fall. Or else fell magicians, Into the thunder casting spells. Transmuted the winter pines Into rows of cherubim Softly swaying white wings. In summer tide they seem Rabbis or old virgins … Shamans all, the pines Offering their cure-alls Mountains in birth pains And there midst hurricanes From time to time befalls An old pine groans and falls. |
Trans. copyright © Stan Solomons 2006
LA JOLIE ROUSSE | THE PRETTY REDHEAD |
Guillaume Apollinaire | trans. Stan Solomons |
Me voici devant vous un homme plein de sens Connaissant la vie et la mort ce qu’un vivant peut connaître Ayant éprouvé les douleurs et les joies de l’amour Ayant su quelquefois imposer ses idées Connaissant plusieurs langages Ayant pas mal voyagé Ayant vu la guerre dans l’Artillerie et l’Infanterie Blessé à la tête trépané sous le chloroforme Ayant perdu ses meilleurs amis dans l’effroyable lutte Je sais d’ancien et de nouveau autant qu’un homme seul pourrait Des deux savoir sans m’inquiéter aujourd’hui de cette guerre Entre nous et pour nous mes amis Je juge cette longue querelle de la tradition et l’invention De l’Ordre et de l’Aventure Vous dont la bouche est faite à l’image de celle de Dieu Bouche qui est l’ordre même Soyez indulgents quand vous nous comparez A ceux qui furent la perfection de l’ordre Nous qui quétons partout l’aventure Nous ne sommes pas vos ennemis Nous voulons vous donner de vastes et d’étranges domaines Où le mystère en fleurs s’offre à qui veut le cueillir Il y a là des feux nouveaux des couleurs jamais vues Mille phantasmes impondérables Auxquels il faut donner de la réalité Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait Il y a aussi le temps qu’on peut chasser ou faire revenir Pitié pour nous qui combattons toujours aux frontières De l’illimité et de l’avenir Pitié pour nos erreurs pitié pour nos péchés Voici qui revient l’été la saison violente Et ma jeunesse est morte ainsi que le printemps O Soleil c’est le temps de la Raison ardente Et j’attends Pour la suivre toujours la forme noble et douce Qu’elle prend afin que je l’aime seulement Elle vient et m’attire ainsi qu’un fer l’aimant Elle a l’aspect charmant D’une adorable rousse Ses cheveux sont d’or on dirait Un bel éclair qui durerait Ou ces flammes qui se pavanent Dans les roses-thé qui se fanent Mais riez riez de moi Hommes de partout surtout gens d’ici Car il y a tant de choses que je n’ose vous dire Tant de choses que vous ne me laisseriez pas dire Ayez pitié de moi | Here before all I stand, a man of sense Life-wise, Death-wise so far as mortals know Experienced in the pain and joy of love Able at times to influence Fluent in several tongues Knowing the world Served with the guns and in the trenches Head wounded and trepanned Lost my best friends Knowing of New and Old as much as man may know Not greatly bothered with the present war Between ourselves and for my friends I judge this chronic quarrel of tradition and invention Of Order and Adventure You whose lips are made in the image of God Lips that are order itself be kind when you compare us To those who were the very essence of order We who seek out adventure everywhere. We’re not your enemies We’d give you vast and strange domains Where mystery in bloom is for the taking There are new flames, colours never seen A thousand ineffable fantasies To which reality is crying to be lent We would explore the Good – vast land where all is still There is the time to hunt or to recall So pity us who fight on frontiers Of the infinite and the future Pity our errors pity our sins Here comes the Summer, season of violence My youth is dead as is the Spring O Sun, this is the time of burning Reason And I await Her gentle noble form That she assumes to make me love her Coming to lure me like a lode She has a charm Of copper hair That sometimes is of gold Fine lasting lightning Woven of flames that flash And fade among the tea roses By all means laugh at me Men from all parts, above all folk from here For there are many things I dare not speak So many things you would not let me say Therefore have pity on me. |
Trans. copyright © Stan Solomons 2006
LE PONT MIRABEAU | MIRABEAU BRIDGE |
Guillaume Apollinaire | trans. Stan Solomons |
Sous le pont Mirabeau coule la Seine …………Et nos amours …..Faut-il qu’il m’en souvienne La joie venait toujours après la peine …………Vienne la nuit sonne l’heure …………Les jours s’en vont je demeure Les mains dans les mains restons face à face …………Tandis que sous …..Le pont de nos bras passe Des éternels regards l’onde si lasse …………Vienne la nuit sonne l’heure …………Les jours s’en vont je demeure L’amour s’en va comme cette eau courante …………L’amour s’en va …..Comme la vie est lente Et comme l’Espérance est violente …………Vienne la nuit sonne l’heure …………Les jours s’en vont je demeure Passent les jours et passent les semaines …………Ni temps passé …..Ni les amours reviennent Sous le pont Mirabeau coule la Seine …………Vienne la nuit sonne l’heure …………Les jours s’en vont je demeure | Mirabeau Bridge the Seine …………Carries our love away …..Must memory stay Joy followed after pain …………Come night come day …………Time takes its course I stay Hand within hand and face to face …………Beneath our arching arms …..The love-long days Streams our eternal gaze …………Come night come day …………Time take its course I stay Like fleeting water love …………Flows by flows by …..And life is long and slow With violent hope below …………Come night come day …………Time takes its course I stay Time passes no returning …………Neither past pain …..Nor love nor yearning Mirabeau Bridge there flows the Seine. …………Come night come day …………Time takes its course I stay. |
Trans. copyright © Stan Solomons 2006
AUTOMNE MALADE | SICK AUTUMN |
Guillaume Apollinaire | trans. Stan Solomons |
Automne malade et adoré Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies Quand il aura neigé Dans les vergers Pauvre automne Meurs en blancheur et en richesse De neige et de fruits mûrs Au fond du ciel Des éperviers planent Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines Qui n’ont jamais aimé Aux lisières lointaines Les cerfs ont bramé Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs Les fruits tombant sans qu’on les cueille Le vent et la forêt qui pleurent Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille Les feuillesQu’on fouleUn trainQui rouleLa vieS’écoule | Autumn, stricken and lovely, thou shalt surely die when the wind blows through the rose, and when it snows on the fruit tree. Poor sick autumn die in white riches of snow and ripeness. While high above sparrow- hawks glide over green-haired naiads and dwarfs seeking love. In the far off glades rutting stags bell. How I love autumn; Love the soft sound of fruit tumbling down Wind and woods weeping leaf upon leaf, trodden, into decay. A train passing by, and life seeping quite away. |
Trans. copyright © Stan Solomons 2005
Guillaume Apollinaire
(Juvenal Satire I.4)
I
L’amour est mort entre tes bras
Te souviens-tu de sa rencontre
Il est mort tu la referas
Il s’en vient à ta rencontre
Encore un printemps de passé
Je songe à ce qu’il eût de tendre
Adieu saison qui finissez
Vous nous reviendrez aussi tendre
II
O ma jeunesse abandonnée
Comme une guirlande fanée
Voici que s’en vient la saison
Et des dédains et du soupçon
Le paysage est fait de toiles
Il coule un faux fleuve de sang
Et sous l’arbre fleuri d’étoiles
Un clown est l’unique passant
Un froid rayon poudroie et joue
Sur les décors et sur ta joue
Un coup de revolver un cri
Dans l’ombre un portrait a souri
La vitre du cadre est brisée
Un air qu’on ne peut définir
Hésite entre son et pensée
Entre avenir et souvenir
O ma jeunesse abandonnée
Comme une guirlande fanée
Voici que s’en vient la saison
Des regrets et de la raison
(Juvenal Satire I.4)
I
Love died within your arms
Remember how it came?
Love died, but you will meet
Again a love as sweet.
Another Spring has passed
And all its tenderness
Farewell to season past
It will come back to us.
II
O youth abandoned
And like a faded garland
Here comes the dire season
Of scorn and treason
Stylised the scenery
A stream of blood flows down.
Beneath the starry canopy
Of blossom slips the clown.
The cold light plays and powders down
Upon your cheek and all around
A pistol shot a cry
And in the dark a smiling portrait
Its glass long gone
Hovers a melody
Twixt thought and sound
Future and memory.
Young years abandoned
Like faded garlands
here comes the season
Of regrets and reason.
Trans. copyright © Stan Solomons 2006