SONNETTHE SWAN
Stéphane Mallarmétrans. Stan Solomons
Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui
Va-t-il nous déchirer avec un coup d’aile ivre
Ce lac dur oublié que hante sous le givre
Le transparent glacier des vols qui n’ont pas fui?

Un cygne d’autrefois se souvient que c’est lui
Magnifique mais qui sans espoir se délivre
Pour n’avoir pas chanté la région où vivre
Quand du stérile hiver a resplendi l’ennui.

Tout son col secouera cette blanche agonie
Par l’espace infligée à l’oiseau qui le nie,
Mais non l’horreur du sol où le plumage est pris.

Fantôme qu’à ce lieu son pur éclat assigne,
Il s’immobilise au songe froid de mépris
Que vêt parmi l’exil inutile le Cygne.
Will the fair vivid virgin day
Shatter with random blow the ice
On frozen lakes of memory
Haunted by unflown flights!

Conscious of splendour that has been
The Swan strives, apathetic,
Authentic life unsung dejected
As sterile winter spreads its spleen.

Shuddering with the white agonies
That space inflicts but in denial,
Trapped in the ghastly earth and ice

The Swan, cloaking a useless exile,
An alien genius banished from the skies,
Lives out his cold contemptuous life.

Trans. copyright © Stan Solomons 2005

BRISE MARINEWIND FROM THE SEA
Stéphane Mallarmétrans. Stan Solomons
La chair est triste, hélas! et j’ai lu tous les livres,
Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D’être parmi l’écume inconnue et les cieux!
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
O nuits! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son’enfant.
Je partirai! Steamer balançant ta mâture,
Lève l’ancre pour une exotique nature!

Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs!
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages
Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles ilôts …
Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots!
Alas the Flesh is sad. All books have I read,
And I would fly to where the gulls have fled
Entranced between the strange foam and the sky,
Nothing holds back my heart soaked in the sea,
Not ancient images of gardens held in the eye,
Nor those of night, lit by the lonely lamp,
Flooding the white page with forbidding blank,
Nor the young mother’s swelling breast.
I must away! Steamer, her rigging swaying,
Bound for exotic places, anchors weighing

Desolate, chagrined with hopes so cruel,
Mindful of that last handkerchief farewell
It may well be those masts provoke the tempest
Splinter stumps that lean over the shipwrecks
Mastless and hopeless, lost in midmost ocean
O hear the sailor song! Oh my heart, listen!

Trans. copyright © Stan Solomons 2005

BRISE MARINESEA BREEZE
Stéphane Mallarmétrans. Stan Solomons
La chair est triste, hélas! et j’ai lu tous les livres,
Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D’être parmi l’écume inconnue et les cieux!
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
O nuits! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son’enfant.
Je partirai! Steamer balançant ta mâture,
Lève l’ancre pour une exotique nature!

Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs!
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages
Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles ilôts …
Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots!
The flesh is sad, alas! and I have read all writing
I must away! I sense that birds are wheeling
Drunken among the unknown foam and skies!
Nothing shall hold my heart back, steeped in the sea,
Not ancient gardens pictured in my eyes
Nor night-times when the light of loneliness
Sheds on the blank page its forbidding whiteness
Nor fine young damsel, baby at her breast.
I shall away! Steamer, its masts a swaying,
Bound for exotic islands, anchor weighing.

Sorrows, with false hope but deceived,
May wave in final farewell handkerchiefs,
But those masts may invite the lightning strike,
The self same ones that lean athwart the wreck
Drowned and unmasted, lost for ever long
But Oh my heart! Hark to the sailors’ song!

Trans. copyright © Stan Solomons 2005