Stan and Bette Solomons

Poetry and Artwork

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Translations from the French

Leconte de Lisle

LES ÉLÉPHANTSTHE ELEPHANTS
Leconte de Lisletrans. Stan Solomons
Le sable rouge est comme une mer sans limite, 
Et qui flambe, muette, affaissée en son lit.
Une ondulation immobile remplit 
L’horizon aux vapeurs de cuivre où l’homme habite. 

Nulle vie et nul bruit. Tous les lions repus 
Dorment au fond de l’antre éloigné de cent lieues, 
Et la girafe boit dans les fontaines bleues, 
Là-bas, sous les dattiers des panthères connus. 

Pas un oiseau ne passe en fouettant de son aile 
L’air épais, où circule un immense soleil. 
Parfois quelque boa, chauffé dans son sommeil, 
Fait onduler son dos dont l’écaille étincelle. 

Tel l’espace enflammé brûle sous les cieux clairs. 
Mais, tandis que tout dort aux mornes solitudes, 
Lés éléphants rugueux, voyageurs lents et rudes
Vont au pays natal à travers les déserts. 

D’un point de l’horizon, comme des masses brunes, 
Ils viennent, soulevant la poussière, et l’on voit, 
Pour ne point dévier du chemin le plus droit, 
Sous leur pied large et sûr crouler au loin les dunes. 

Celui qui tient la tête est un vieux chef. Son corps 
Est gercé comme un tronc que le temps ronge et mine 
Sa tête est comme un roc, et l’arc de son échine 
Se voûte puissamment à ses moindres efforts. 

Sans ralentir jamais et sans hâter sa marche, 
Il guide au but certain ses compagnons poudreux; 
Et, creusant par derrière un sillon sablonneux, 
Les pèlerins massifs suivent leur patriarche. 

L’oreille en éventail, la trompe entre les dents,
Ils cheminent, l’oeil clos. Leur ventre bat et fume,
Et leur sueur dans l’air embrasé monte en brume;
Et bourdonnent autour mille insectes ardents. 

Mais qu’importent la soif et la mouche vorace, 
Et le soleil cuisant leur dos noir et plissé? 
Ils rêvent en marchant du pays délaissé,
Des forêts de figuiers où s’abrita leur race.

Ils reverront le fleuve échappé des grands monts,
Où nage en mugissant l’hippopotame énorme,
Où, blanchis par la Lune et projetant leur forme,
Ils descendaient pour boire en écrasant les joncs.

Aussi, pleins de courage et de lenteur, ils passent 
Comme une ligne noire, au sable illimité 
Et le désert reprend son immobilité 
Quand les lourds voyageurs à l’horizon s’effacent.
The desert sand is like a sea,
Flaming, silent, slumped in its bed.
And desert waves, immobile, spread
To far horizons and infinity.

No life, no sound, the lions slumber
Within their lairs a hundred leagues afar;
Giraffes from azure fountains drink,
Beneath the date-palms panthers slink.

No passing birds wing their way here.
The air is dense, the heavy sun bears
Down. Snakes drowse and sometimes
Contort themselves in torpid dreams.

The burning space sears the pellucid skies,
And in the solitude all beasts lie
Inert, save elephants, slow paced
Journeying back towards their natal place

From the far horizon, massive, huge
They trudge, raising the dust. One can see
Wending their ponderous way
Great feet crushing down the dunes.

At their very head an ancient form
Wrinkled and eroded by the time
His head a great rock and his spine
Arches powerfully at his slightest effort.

Never slowing, never hastening, they follow
Dusty trunk to tail, each close in his wake,
Leaving behind them a deep sandy furrow
These massive pilgrims and their patriarch. 

Ears fanned wide, trunk curled and listening,
But eyes closed, trusting, bellies rumbling
In the burning air. Their scent and sweat rising
While all around a thousand insects humming.

Ignoring thirst and the voracious flies
The sun smarting their black and wrinkled back
Trudging and dreaming of that land far back
With groves of fig tree sheltering their race.

Back where the mountain rivers rush.
Enormous hippos swim and swoon,
Drinking their fill, trampling the rushes,
Wallowing ecstatic in the silver moon.

Slow and determined come the travellers
A black line in that sand so limitless.
Fading till they are but a blur,
And all resumes its ancient stillness.

Trans. copyright © Stan Solomons 20o5

Video of setting (original French) by D W Solomons for spoken voice, clarinet and strings

LES ELFESTHE ELVES
Leconte de Lisletrans. Stan Solomons
Couronnés de thym et de marjolaine,
Elfes joyeux dansent sur la plaine.

Du sentier des bois aux daims familier,
Sur un noir cheval, sort un chevalier.
Son éperon d’or brille en la nuit brune;
Et, quand il traverse un rayon de lune,
On voit resplendir, d’un reflet changeant,
Sur sa chevelure un casque d’argent.

Couronnés de thym et de marjolaine,
Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.

Ils l’entourent tous d’un essaim léger
Qui dans l’air muet semble voltiger.
– Hardi chevalier, par la nuit sereine,
Où vas-tu si tard? dit la jeune Reine.
De mauvais esprits hantent les forêts;
Viens danser plutôt sur les gazons frais. –

Couronnés de thym et de marjolaine,
Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.

– Non! ma fiancée aux yeux clairs et doux
M’attend, et demain nous serons époux.
Laissez-moi passer, Elfes des prairies,
Qui foulez en rond les mousses fleuries;
Ne m’attardez pas loin de mon amour,
Car voici déjà les lueurs du jour. –

Couronnés de thym et de marjolaine,
Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.

– Reste, chevalier. Je te donnerai
L’opale magique et l’anneau doré,
Et, ce qui vaut mieux que gloire et fortune,
Ma robe filée au clair de la lune.
– Non! dit-il.- Va donc! – Et de son doigt blanc
Elle touche au coeur le guerrier tremblant.

Couronnés de thym et de marjolaine,
Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.

Et sous l’éperon le noir cheval part.
Il court, il bondit et va sans retard;
Mais le chevalier frissonne et se penche;
Il voit sur la route une forme blanche
Qui marche sans bruit et lui tend les bras:
– Elfe, esprit, démon, ne m’arrête pas! –

Couronnés de thym et de marjolaine,
Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.

– Ne m’arrête pas, fantôme odieux!
Je vais épouser ma belle aux doux yeux.
– Ô mon cher époux, la tombe éternelle
Sera notre lit de noce, dit-elle.
Je suis morte! – Et lui, la voyant ainsi,
D’angoisse et d’amour tombe mort aussi.

Couronnés de thym et de marjolaine,
Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.
Crownèd with thyme and marjoram
The Elves dance joyous on the plain.

From out the forest path, known to the deer
On jet black steed there rides a cavalier.
His spurs of gold flame in the sombre night.
And passing through the pale moon`s shimmering light
One sees, splendid and radiant, flashing fair,
A helm of silver on his tossing hair.

Crownèd with thyme and marjoram
The Elves dance joyous on the plain.

In aery swarm they gird and hem him there,
Flitting and floating on the muted air.
“O cavalier, bound through the night serene,
Where goest thou so late” said the young Queen.
Knowest thou not that evil is abroad,
Rather come dance with us on the cool sward”.

Crownèd with thyme and marjoram
The Elves dance joyous on the plain.

“No, for my clear and gentle eyed betrothed
Awaits . Early tomorrow we`re to wed.
Elves of the meadow, pray you let me by,
Ye who on mosses fairy circles ply.
Far from my love, O force me not to stay,
For even now I see the gleams of day.”

Crownèd with thyme and marjoram
The Elves dance joyous on the plain.

“Stay! And I`ll give to thee, my rider bold,
The magic opal and the ring of gold,
And what is better far than fame or fortune,
My robe spun shrewdly by the light of moon”.
“No!” said he. “Go then!” She, with finger stark
Touches the trembling warrior to the heart.

Crownèd with thyme and marjoram
The Elves dance joyous on the plain.

The black steed rears and leaps beneath the spur,
Rushing and bounding, flying fast and far;
But on its back the rider reels and shivers,
Sees in his path a pallid spectre quiver,
Noiselessly nearing, stretching forth its arms:
“Elf! Spirit! Stay me not! Do me no harm!”

Crownèd with thyme and marjoram
The Elves dance joyous on the plain.

“Odious phantom, force me not to stay,
For I must wed my gentle love this day!”
“O my dear spouse, the tomb, eternally,
Shall be our only bridal bed, says she,
For I am dead!” and he, seeing ‘tis true,
With love and anguish falls a dead man, too.

Crownèd with thyme and marjoram
The Elves dance joyous on the plain.

Trans. copyright © Stan Solomons 2006

Video of setting by D W Solomons for guitar, cello, recorders and voices

LA GORGE À SAINT GILLESTHE RAVINE AT SAINT GILLES
Leconte de Lisletrans. Stan Solomons
La gorge est pleine d’ombre où, sous les bambous grêles,
Le soleil au zénith n’a jamais resplendi,
Où les filtrations des sources naturelles,
S’unissent au silence enflammé de midi.

De la lave durcie aux fissures moussues,
Au travers des lichens l’eau tombe en ruisselant, 
S’y perd, et se creusant de soudaines issues, 
Germe et circule au fond parmi le gravier blanc.




Ainsi, sur les deux bords de la gorge profonde, 
Rayonne, chante et rêve, en un même moment,
Toute forme vivante et qui fourmille au monde,
Mais formes, sons, couleurs s’arrêtent brusquement.

Plus bas, tout est muet et noir au sein du gouffre, 
Depuis que la montagne, en émergeant des flots, 
Rugissante, et par jets de granit et de soufre,
Se figea dans le ciel et connut le repos.

À peine une échappée, étincelante et bleue,
Laisse-t-elle entrevoir, en un pan du ciel pur,
Vers Rodrique ou Ceylan le vol des paille-en-queue,
Comme un flocon de neige égaré dans l’azur.

Hors ce point lumineux qui sur l’onde palpite, 
La ravine s’endort dans l’immobile nuit;
Et quand un roc miné d’en haut s’y précipite,
Il n’éveille pas même un écho de son bruit.

Pour qui sait pénétrer, Nature, dans tes voies,
L’illusion t’enserre et ta surface ment:
Au fond de tes fureurs, comme au fond de tes joies,
Ta force est sans ivresse et sans emportement.

Tel, parmi les sanglots, les rires et les haines,
Heureux qui porte en soi, d’indifférence empli,
Un gouffre inviolé de silence et d’oubli! 
Un impassible coeur sourd aux rumeurs humaines.

La vie a beau frémir autour de ce coeur morne, 
Muet comme un ascète absorbé par son Dieu,
Tout roule sans écho dans son ombre sans borne,
Et rien n’y luit du ciel, hormis un trait de feu.

Mais ce peu de lumière à ce néant fidèle,
C’est le reflet perdu des espaces meilleurs!
C’est ton rapide éclair, Espérance éternelle,
Qui l’éveille en sa tombe et le convie ailleurs.
Shade in the gorge. Beneath the bamboo stems
The sun in apogee has never shone; 
The lucent crystal threads of water stem 
Forth to merge in burning silences of noon.

From solid lava with its mossy flaws,
Across the tawny lichens water streams, 
Is lost, from unexpected issue flows, 
Resumes its pebble bed with swirl and gleam.




So, on both sides the gorge, this deep-set gash, 
Together shine and sing and dream and sport 
All living forms of earth who joy and flash; 
But in the depth, colour and sound stop short.

Lower. Dumb and dark in the abyss,
E’er since the mountain surged up from the flood,
Roaring in pain and spitting molten jets,
Froze into space, knew peace and cooled its blood.

Sparkling and blue, barely a fleeting sight 
Is left, the mountain looms in the sky pure;
Toward Ceylon the phaeton bird in flight 
Is like an errant snowflake in the azure.

Besides this shining point of life which throbs 
O’er sea, the ravine in still night sleeps sound,
And when a boulder undermined drops, 
It wakes not even an echo of its sound.

Nature, for those who penetrate thy ways, 
Illusion binds thee with its lying sheen. 
Beneath thy fury as beneath thy joy, 
Is strength without hysteria or spleen.

For those, beset by laughter and by hate, 
Carry within an inner joy, all care bereft, 
A gulf inviolate of silence made! 
A soul towards all human noise that’s deaf.

In vain the world will shimmer round their soul, 
Mute as an ascete mingled with his God, 
Within his shadow limitless and whole, 
No sound, no heavenly light, an abode

With but a thread of light in the abyss,
The lost reflection of a higher space,
A flash of Hope, trace of eternal Bliss,
Which wakes them in their tomb and lends them grace.

Trans. copyright © Stan Solomons 2006

MIDINOON
Leconte de Lisletrans. Stan Solomons
Midi, roi des étés, épandu sur la plaine,
Tombe en nappes d’argent des hauteurs du ciel bleu.
Tout se tait. L’air flamboie et brûle sans haleine;
La terre est assoupie en sa robe de feu.
L’étendue est immense, et les champs n’ont point d’ombre.
Et la source est tarie où buvaient les troupeaux;
La lointaine forêt, dont la lisière est sombre, 
Dort là-bas, immobile, en un pesant repos.
Seuls, les grands blés mûris, tels qu’une mer dorée, 
Se déroulent au loin, dédaigneux du sommeil; 
Pacifiques enfants de la terre sacrée, 
Ils épuisent sans peur la coupe du soleil.
Parfois, comme un soupir de leur âme brûlante
Du sein des épis lourds qui murmurent entre eux,
Une ondulation majestueuse et lente
S’éveille, et va mourir à l’horizon poudreux.
Non loin, quelques boeufs blancs, couchés parmi les herbes.
Bavent avec lenteur sur leurs fanons épais,
Et suivent de leurs yeux languissants et superbes
Le songe intérieur qu’ils n’achèvent jamais.
Homme, si, le coeur plein de joie ou d’amertume,
Tu passais vers midi dans les champs radieux, 
Fuis! la nature est vide et le soleil consume: 
Rien n’est vivant ici, rien n’est triste ou joyeux.
Mais si, désabusé des larmes et du rire, 
Altéré de l’oubli de ce monde agité,
Tu veux, ne sachant plus pardonner ou maudire, 
Goûter une suprême et morne volupté,
Viens! Le soleil te parle en paroles sublimes;
Dans sa flamme implacable absorbe-toi sans fin; 
Et retourne à pas lents vers les cités infimes, 
Le coeur trempé sept fois dans le néant divin.
Noon, monarch of summer, ruling o’er the plain,
Falling in silver sheets from azure height. 
All is still. Breathless the air is flame; 
The earth is drowsy in its robe of light.

Distance is dazzling vast, the fields lack shade,
The spring is dusty dry where drank the sheep; 
The far-off forest, with its sombre glade 
Lies there so still, heavy in drug-like sleep.

Like seas of gold, only the tall ripe corn 
Rolls to the distance and all sleep disdains;
Peace-loving child of sacred Nature born, 
Fearless, the cup of sun-liqueur it drains.

Sometimes, like sighs forced from its burning soul,
From out the heavy grain’s murmuring breast, 
Majestic, slow, waves wake and roll 
To dusty horizon to meet their death.

Close by, white oxen, resting on the sward, 
Salivate gently on thick dew-lapped neck, 
With eyes, placid and proud, follow and hoard 
That inmost thought, never achieved as yet.

If, filled with spleen or joy, you pass at noon 
Among those sonorous radiant fields of light, Flee!
Nature is empty and the sun consumes; 
Nothing is living, nothing sad or bright.

But if, purged free of tears or smiles, athirst 
To cast away their frantic memory, 
If then you wish, knowing nor grace nor curse, 
To taste a sensuous supremacy,

Come then! The sun will speak to you in shining words; 
Within its ruthless flame live through eternal time; 
Take back with you towards the petty world 
A heart steeped seven-fold in the void divine.

Trans. copyright © Stan Solomons 2006

Jean de la Fontaine

LA CIGALE ET LA FOURMITHE GRASSHOPPER AND THE ANT
Jean de la Fontainetrans. Stan Solomons
La cigale, ayant chanté
Tout l’été,
trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue.
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister 
Jusqu’à la saison nouvelle.
“Je vous paierai,” lui dit-elle,
“avant l’août, foi d’animal,
Intérêt et principal.”
La fourmi n’est pas prêteuse; 
C’est là son moindre défaut. 
“Que faisiez-vous au temps chaud?”
Dit-elle à cette emprunteuse. 
– “Nuit et jour à tout venant 
Je chantais, ne vous déplaise.”
– “Vous chantiez? j’en suis fort aise. 
Eh bien! dansez maintenant.”
The Grasshopper in drowsy song
Has spent the pleasant summer long, 
And found herself without a crumb 
When winter’s icy blast had come. 
Not one small morsel could she spy 
Of puny worm or measly fly. 
So off she went to cry her want 
Straight to her neighbour Madame Ant,
Merely asking for a loan 
Of bread or grain to eke her own 
Until the plenteous time came round. 
“I’ll pay you back, or I’ll be bound 
By August, word of animal, 
Both interest and principal.” 
The Ants are not a lending lot 
Indeed that is their slightest fault.
“What were you doing when ’twas hot?”
She asked this impecunious sort. 
” To all who came, both day and night
I used to sing at every chance.”
“You used to sing? That’s fine and right!
Well now’s the very time – to dance!”

Trans. Copyright © Stan Solomons 2006

Video of setting by D W Solomons for guitar, alto and wind instrument

LE COCHE ET LA MOUCHETHE COACH AND THE FLY
Jean de la Fontainetrans. Stan Solomons
Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé, 
Et de tous les côtés au soleil exposé,
Six forts chevaux tiraient un coche. 
Femmes, moine, vieillards, tout était descendu. 
L’attelage suait, soufflait, était rendu. 

Une mouche survient, et des chevaux s’approche, 
Prétend les animer par son bourdonnement, 
Pique l’un, pique l’autre, et pense à tout moment 
Qu’elle fait aller la machine,
S’assied sur le timon, sur le nez du cocher;
Aussitôt que le char chemine,
Et qu’elle voit les gens marcher,
Elle s’en attribue uniquement la gloire,
Va, vient, fait l’empressée; il semble que ce soit
Un sergent de bataille allant en chaque endroit 
Faire avancer ses gens, et hâter la victoire.

La mouche en ce commun besoin
Se plaint qu’elle agit seule, et qu’elle a tout le soin.
Qu’aucun n’aide aux chevaux à se tirer d’affaire.

Le moine disait son bréviaire:
Il prenait bien son temps! Un femme chantait
C’était bien de chansons qu’alors il s’agissait!
Dame mouche s’en va chanter à leurs oreilles,
Et fait cent sottises pareilles.

Après bien du travail le coche arrive au haut. 
“Respirons maintenant,” dit la mouche aussitôt: 
“J’ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine.
Çà, Messieurs les chevaux, payez-moi de ma peine.” 

Ainsi certaines gens faisant les empressés,
S’introduisent dans les affaires. 
Ils font partout les nécessaires,
Et partout importuns devraient être chassés.
Up a steep dusty road of sand
In all directions open to the sun 
Six massive horses pulled a coach.
Women, priest, old men – all had vacated,
While the team lugged and strained and sweated.

A housefly happened to approach,
To rouse them in their task.
Nipped here, nipped there, thinking at last 
She was the one to get things moving 
Landing on noses, horses, on the shafts 
No sooner saw the carriage lurching, 
And all the people marching, 
Claimed for herself the fame the glory, 
Doubling her effort, as it were 
A sergeant major rushing everywhere 
Advancing troops and hastening victory.

All were affected yet the fly complained 
She was alone in this affair,
Nobody helped her, she took all the pains.

The priest was rapt in prayer.
A girl was singing. “Well I declare”
Exclaimed the fly, “That’s neither here nor there!” 
And busily buzzed off humming 
In their ears a thousand stupid things.

After a deal of effort they arrived.
“Now we can breathe in comfort”, said the fly, 
“Because of my hard work we have survived. 
” Now my fine horses, what about my pay?”

Thus certain people love to meddle, 
Importunate they are – affected, 
Pretending to be indispensable. 
They ought to be ejected.

Trans. Copyright © Stan Solomons 2006

LE CORBEAU ET LE RENARDTHE FOX AND THE CROW
Jean de la Fontainetrans. Stan Solomons
Maître corbeau, sur un arbre perché, 
Tenait en son bec un fromage. 
Maître renard, par l’odeur alléché, 
Lui tint à peu près ce langage:
“Hé! bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli! que vous me semblez beau!
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois.”
À ces mots, le corbeau ne se sent pas de joie;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le renard s’en saisit, et dit: “Mon bon monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute.
Cette leçon vaut bien un fromage sans doute.”
Le corbeau honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.
Master Crow, perched on a branch,
Held in his beak a cheese.
Master Fox, attracted by the stench, 
Addressed him in this wise:
“Ah there, Sir Crow! Give you good day! 
How fine you look! Elegant, Gay! 
Without a lie now, if your voice 
Accorded with your plumage choice,
You’d be the finest of the woodland host.” 
At these kind words, the Crow most 
Swooned. To show his voice with ease,
Opened a monstrous beak – and dropped the cheese. 
The Fox then pounced and said: ” My dear good sir 
Know you that every flatterer 
Lives at the cost of those that listen. 
Surely a cheese is worth this lesson?” 
The Crow, ashamed, heartily swore, 
A little late, he’d be deceived no more.

Trans. Copyright © Stan Solomons 2006

LA GRENOUILLE QUI SE VEUT FAIRE
AUSSI GROSSE QUE LE BOEUF
THE FROG THAT WISHED TO BE AS
BIG AS A BULL
Jean de la Fontainetrans. Stan Solomons
Une grenouille vit un boeuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n’était pas grosse en tout comme un oeuf,
Envieuse s’étend, et s’enfle, et se travaille
Pour égaler l’animal en grosseur,
Disant: “Regardez bien ma soeur,
Est-ce assez? dites-moi. N’y suis-je point encore? –
Nenni.- M’y voici donc? – Point du tout.
M’y voilà? – Vous n’en approchez point.”
La chétive pécore s’enfla si bien qu’elle creva.

Le monde est plein des gens qui ne sont pas plus sages:
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs;
Tout petit prince a des ambassadeurs;
Tout marquis veut avoir des pages.
A Frog one day espied a Bull
Who seemed to her in stature full.
And she, less than an egg in size,
In envy stretched and strained to rise
And match in bulk the animal.
Saying: “My brother, look you well!
Is this enough? I’m there now, sure!” –
“No!” “Not there? Not the slightest bit?” –
“You’re nowhere near!” The hapless creature
Blew herself up so much, she split!

The world is full of people no more sage:
Bourgeois world over emulate seigneurs;
And petty princes have ambassadors;
Each marquis must have his own private page.

Trans. Copyright © Stan Solomons 2006

LE LABOUREUR ET SES ENFANSTHE PLOUGHMAN AND HIS SONS
Jean de la Fontainetrans. Stan Solomons
Un riche laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfans, leur parla sans témoins.
“Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parens:
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l’endroit; mais un peu de courage 
Vous le fera trouver: vous en viendrez à bout. 
Remuez votre champ dés qu’on aura fait l’août: 
Creusez, fouillez, bêchez; ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse.”
Le père mort, les fils retournent le champ, 
De#0231a, delà, partout; si bien qu’au bout de l’an
Il en rapporta davantage.
D’argent, point de cache. Mais le père fut sage
De leur montrer, avant sa mort,
Que le travail est un trésor.
A wealthy ploughman, feeling death encroach, 
Summoned his sons and bade them all approach.
“Beware!” said he. “Sell not the heritage 
Our ancestors have left.
There’s hid a treasure chest, 
I know not well the spot, but given courage 
You’ll come to it, and you’ll discover.
Dig your field over, after harvest time, 
Furrow and bore and burrow, leave no place 
Unturned you can find.
The father died, and the sons ploughed the field 
Over from end to end, so well the yield 
Was ten-fold what they used to gather.
But money was there none. How wise the father 
Before he died to show them in good measure 
That work itself is finest treasure.

Trans. Copyright © Stan Solomons 2006

LA MONTAGNE QUI S’ACCOUCHATHE MOUNTAIN THAT GAVE BIRTH
Jean de la Fontainetrans. Stan Solomons
Une montagne en mal d’enfant
Jetait une clameur si haute
Que chacun, au bruit accourant,
Crût qu’elle accoucherait, sans faute,
D’une cité plus grosse que Paris:
Elle accoucha d’une souris.

Quand je songe à cette fable
Dont le récit est menteur
Et le sens est véritable,
Je me figure un auteur
Qui dit: “Je chanterai la guerre
Que firent les Titans au maître du tonnerre.”
C’est promettre beaucoup; mais qu’en sort-il souvent?
Du vent.
A great mountain in labour
Made such a clamour
That people flocked about
To see the birth, no doubt
Of a great city, or at least a house.
And what emerged? A mouse.

When I bethink me of this fable,
Merely apocryphal,
Although the sense is truer,
I have in mind an author
Who said: ” I’ll celebrate the war
Of Titans ‘gainst the God of Thunder.”
Promises, promises. You will often find
But wind.

Trans. Copyright © Stan Solomons 2006

LE RENARD ET LES RAISINSTHE FOX AND THE GRAPES
Jean de la Fontainetrans. Stan Solomons
Certain renard gascon, d’autres disent normand,
Mourant presque de faim, vit au haut d’une treille
Des raisins mûrs apparemment,
Et couverts d’une peau vermeille.

Le galand en eût fait volontiers un repas;
Mais comme il n’y pouvait atteindre:
“Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats.”

Fit-il pas mieux que de se plaindre ?
A hungry fox, possibly Norman
Spotted some grapes growing
On high, all ripe and glowing
With skin vermilion.

Right willingly he’s eat,
But since he could not get:
“They’re green”, he said, “and fit for swine.”

Did he not better than complain?

Trans. Copyright © Stan Solomons 2006

LE RAT QUI S’EST RETIRÉ DU 
MONDE
THE RAT WHO WITHDREW FROM THE WORLD
Jean de la Fontainetrans. Stan Solomons
Les Levantins en leur légende 
Disent qu’un certain rat, las des soins d’ici-bas, 
Dans un fromage de Hollande 
Se retira loin du tracas.
La solitude était profonde,
S’étendant partout à la ronde.
Notre ermite nouveau subsistait là dedans. 
Il fit tant, de pieds et de dents,
Qu’en peu de jours il eut au fond de l’ermitage 
Le vivre et le couvert; que faut-il davantage? 
Il devint gros et gras; Dieu prodigue ses biens 
À ceux qui font voeu d’être siens. 
Un jour au dévot personnage
Des députés du peuple rat 
S’en vinrent demander quelque aumône légère:
Ils allaient en terre étrangère 
Chercher quelque secours contre le peuple chat; 
Ratopolis était bloquée:
On les avait contraints de partir sans argent,
Attendu l’état indigent
De la république attaquée.
Ils demandaient fort peu, certains que le secours 
Serait prêt dans quatre ou cinq jours. 
“Mes amis,” dit le solitaire,
“Les choses d’ici-bas ne me regardent plus:
En quoi peut un pauvre reclus 
Vous assister? que peut-il faire, 
Que de prier le Ciel qu’il vous aide en ceci? 
J’espère qu’il aura de vous quelque souci.”
Ayant parlé de cette sorte,
Le nouveau saint ferma sa porte. 



Qui désignai-je, à votre avis,
Par ce rat si peu secourable?
Un moine? Non, mais un dervis:
Je suppose qu’un moine est toujours charitable.
The Levantines, in their legend,
Say that a certain Rat, weary of life,
Into a cheese of Holland
Withdrew, far from the strife.
The solitude was so profound,
Extending in a perfect round. 
Therein subsisted our new hermit
Working so well with teeth and feet,
That soon he had within his hermitage
Wherewith to live right well – now who more sage? 
He grew both full and fat: 
God is not loath 
To render gifts to those that take his oath.
To this so pious personage
One day there came some Member Rats, 
A trifling alms they would demand:
They went to foreign land, 
Seeking some help against the Cats.
Rat-town was quite besieged.
They had been forced to flee quite penniless,
For the condition moneyless
Of the beleagured State had thus obliged. 
Little they asked, full certain that some aid
In four or five days would be made. 
Thus spake our hermit: 
Oh my friends, 
Earthly affairs for me are no more use.
How can an indigent recluse
Help you? What can he lend
Except his prayers to Heaven to aid in this? 
I pray the Father sends you all his Bliss.”
Having pronounced thus – and some more,
The new Saint calmly closed the door.

Whom did I mean, in your opinion,
By this Rat so intractable?
A monk? No, sure, a devil’s minion. 
Monks, I’d suppose, are ever charitable.

Trans. Copyright © Stan Solomons 2006

Victor Hugo

MES VERS FUIRAIENT …MY GENTLE WORDS …
Victor Hugotrans. Stan Solomons
Mes vers fuiraient, doux et frêles,
Vers votre jardin si beau,
Si mes vers avaient des ailes,
Des ailes comme l’oiseau.

Ils voleraient, étincelles,
Vers votre foyer qui rit,
Si mes vers avaient des ailes,
Des ailes comme l’esprit.

Près de vous, purs et fidèles,
Ils accourraient nuit et jour.
Si mes vers avaient des ailes,
Des ailes comme l’amour.
My gentle words would flee
To your so lovely garden
If they could only fly
On fragile wing!

They would rise sparkling
Towards your dwelling kind.
Could they but take to wing
On flights of mind!

Close to you, so pure and true,
Straight from the sky above,
My words would come to you
On wings of love!

Trans. copyright © Stan Solomons 2005

Video of setting by D W Solomons for soprano, flute and piano

José-Maria de Hérédia

LES CONQUÉRANTSTHE CONQUERORS
José-Maria de Hérédia,trans. Stan Solomons
Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal, 
Fatigués de porter leurs misères hautaines, 
De Palos et Merguer, routiers et capitaines 
Partaient, ivres d’un rêve héroique et brutal.

Ils allaient conquérir le fabuleux métal 
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines, 
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes 
Aux bords mystérieux du monde ocidental.

Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L’azur phosophorescent de la mer des Tropiques 
Enchantait leur sommeil d’un mirage doré

Ou, penchés à l’avant des blanches caravelles, 
Ils regardaient monter en un ciel ignoré 
Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles.
Out from their native nest like falcons fly
Sick of their proud Hispanic poverty, 
Captains and heroes, soldiers mercenary, 
Drunken with dreams and with brutality.

A golden fable would be theirs to seize, 
Ripened in Cipango’s distant mines.
They trim their latteen sail to the trade winds 
Towards the New World and its mysteries;

Hoping at dusk for what adventure holds, 
The tropic sea dancing with azure light 
Enchanting sleep with mirages of gold;

Or at the prow, leaning before the ship, 
Beneath an unknown heaven and the sight 
Of stranger stars that climb from out the deep.

Trans. Copyright © Stan Solomons 2005

FUITE DE CENTAURESFLIGHT OF CENTAURS
José-Maria de Hérédia,trans. Stan Solomons
Ils fuient, ivres de meurtre et de rébellion,
Vers le mont escarpé qui garde leur retraite;
La peur les précipite, ils sentent la mort prête
Et flairent dans la nuit une odeur de lion.

Ils franchissent, foulant l’hydre et le stellion,
Ravins, torrents, halliers, sans que rien les arrête;
Et déjà, sur le ciel, se dresse au loin la crête 
De l’Ossa, de l’Olympe ou du noir Pélion.

Parfois, l’un des fuyards de la farouche harde 
Se cabre brusquement, se retourne, regarde,
Et rejoint d’un seul bond le fraternel bétail;

Car il a vu la lune éblouissante et pleine 
Allonger derrière eux, suprême épouvantail,
La gigantesque horreur de l’ombre Herculéenne.
Sated with murder and rebellion
They flee towards the peak that guards their lair;
Fear drives them on for death lurks in the air, 
And in the night there wafts the scent of lion.

Trampling all before, thicket and fountain 
Ravine and torrent, never pause for rest, 
Till on the skyline rears the distant crest 
Of Ossa, of Olympus or dark Pelion.

One of the centaurs quits the fearful rout, 
Suddenly rearing, stares and turns about,
But straight rejoins his fellows in their flight,

With one great panic leap because he sees, 
Stretching behind them in the bright moonlight, 
The shadow of revengeful Hercules.

Trans. Copyright © Stan Solomons 2007

LE SAMOURAISAMURAI
José-Maria de Hérédia,trans. Stan Solomons
D’un doigt distrait frôlant la sonore biva,
A travers les bambous tressés en fine latte,
Elle a vu, par la plage éblouissante et plate,
S’avancer le vainqueur que son amour rêva.

C’est lui. Sabres au flanc, l’éventail haut, il va.
La cordelière rouge et le gland écarlate
Coupent l’armure sombre, et, sur l’épaule, éclate
Le blason de Hizen ou de Tonungawa.

Ce beau guerrier vêtu de lames et de plaques,
Sous le bronze, la soie et les brillantes laques,
Semble un crustacé noir, gigantesque et vermeil.

Il l’a vue. Il sourit dans la barbe du masque,
Et son pas hâtif fait reluire au soleil
Les antennes d’or qui tremblent à son casque.
Lost in her thoughts the sounding lute she plucks,
And through the woven screen of bamboo plait,
Coming along the shore, dazzling and flat,
She sees the victor that her love invokes.

He comes with sword on hip and upraised fan,
Athwart his sombre mail a scarlet sash
And tassel. On his broad shoulders flash
Heroic herald badges of Hizen.

This handsome warrior in steely plaque,
In bronze, in silk, lacquered in brilliant black,
Is an enormous scorpion, black and crimson.

He sees her, smiles within his vizor mask,
And in his haste, gleaming beneath the sun,
Twin golden antennae tremble upon his casque.

Trans. Copyright © Stan Solomons 2007

Théophile Gautier

L’ARTART
Théophile Gautiertrans. Stan Solomons
Oui, l’oeuvre sort plus belle
D’une forme au travail
……….Rebelle,
Vers, marbre, onyx, émail.

Point de contraintes fausses!
Mais que pour marcher droit
……….Tu chausses,
Muse, un cothurne étroit.

Fi du rythme commode,
Comme un soulier trop grand
……….Du mode
Que tout pied quitte et prend!

Statuaire, repousse
L’argile que pétrit 
……….Le pouce
Quand flotte ailleurs l’esprit.

Lutte avec le carrare,
Avec le paros dur 
……….Et rare,
Gardiens du contour pur;

Emprunte à Syracuse
Son bronze ou fermement
……….S’accuse
Le trait fier et charmant.

D’une main délicate
Poursuis dans un filon
……….D’agate
Le profil d’Apollon.

Peintre fuis l’aquarelle,
Et fixe la couleur
……….Trop frêle
Au four de l’émailleur.

Fais des sirènes bleues,
Tordant de cent façons
……….Leurs queues,
Les monstres des blasons;

Dans son nimbe trilobe
La Vierge et son Jésus,
……….Le globe
Avec la croix dessus.

Tout passe. – L’art robuste
Seul à l’éternité,
……….Le buste
Survit à la cité.

Et la médaille austère
Que trouve un laboureur
……….Sous terre
Révèle un empereur.

Les dieux eux-mêmes meurent,
Mais les vers souverains
……….Demeurent
Plus forts que les airains.

Sculpte, lime, cisèle;
Que ton rêve flottant
……….Se scelle
Dans le bloc résistant!
Beauty and Art emerge
From Form averse,
Obdurate, monolith:
Marble or onyx.

No false constraint,
Walk straight and true
Wearing the actor’s paint
And narrow shoe.

Away with facile stress!
Fashionable dress
That sloven fits
For all to use and quit.

Sculptor beware!
Soft clay becomes
Merely the unskilled thumb.
The mind’s elsewhere.

Wrestle and strive in stone,
In Paros fine.
Marble alone
Keeps pure line.

Borrow the sounding brass
Of Syracuse. Incise,
Proud and precise,
Features and fronds.

Unerring, delicate,
In agate chase,
With guile,
Apollo’s profile.

Abandon aquarelle!
Capture the colour,
Subtle, frail,
In seared enamel.

Fashion the bluest sirens
That writhe and flail
Their tail.
Heraldic beasts and omens.

In threefold Glory,
Virgin and Child and Globe,
The Trinity,
With Cross above.

Amid decay, alone,
Pure Art survives.
And marble thrones
Cities outlive.

The coin austere,
Hidden and secular,
Flushed by the ploughshare,
Reveals an emperor.

Even the Gods may die,
But poems still
Endure and stay,
Stronger than steel.

Chisel and sculpt and ream,
So may your drifting dream
Seal and lock
Into the solid rock!

Trans. copyright © Stan Solomons 2006

PASTELPASTEL
Théophile Gautiertrans. Stan Solomons
J’aime à vous voir en vos cadres ovales, 
Portraits jaunis des belles du vieux temps,
Tenant en main des roses un peu pâles, 
Comme il convient à des fleurs de cent ans.

Le vent d’hiver, en vous touchant la joue
A fait mourir vos oeillets et vos lis, 
Vous n’avez plus que des mouches de boue
Et sur les quais vous gisez tout salis. 

Il est passé, le doux règne des belles; 
La Parabère avec la Pompadour 
Ne trouveraient que des sujets rebelles, 
Et sous leur tombe est enterré l’amour. 

Vous, cependant, vieux portraits qu’on oublie,
Vous respirez vos bouquets sans parfums, 
Et souriez avec mélancolie 
Au souvenir de vos galants défunts. 
I gaze upon you in your golden frame
Yellowing beauty of a former time 
With bouquet now grown pale and sere
Befitting blossoms of a hundred years

The winter wind has touched your lovely face
Smitten to death the waxen lily.
Mud serves instead of beauty spots, alas
And on the quayside in the dirt you lie.

Long years ago was tender tyranny
Of such as Madame Pompadour.
But men are no more slaves to beauty
Beneath the tomb moulders l’amour

Your image slowly fades away
And brittle blooms perfume bereft 
Yet you still smile with melancholy
At all your gallants who are dead

Trans. copyright © Stan Solomons 2005

NOËLNOEL
Théophile Gautiertrans. Stan Solomons
Le ciel est noir, la terre est blanche;
– Cloches, carillonnez gaîment!
Jésus est né – la Vierge penche
Sur lui son visage charmant.

Pas de courtines festonnées
Pour préserver l’enfant du froid;
Rien que les toiles d’araignées
Qui pendent des poutres du toit.

Il tremble sur la paille fraîche,
Ce cher petit enfant Jésus,
Et pour l’échauffer dans sa crèche
L’âne et le boeuf soufflent dessus.

La neige au chaume coud ses franges,
Mais sur le toit s’ouvre le ciel
Et, tout en blanc, le choeur des anges
Chante aux bergers: “Noël! Noël!”
The sky is dark, the earth is white.
O Bells ring out with joy
Jesus is born, the Virgin quiet
Shelters her baby boy.
No wraps, no festooned curtains spread
To shield the babe from frost;
Nothing but flimsy spider webs
Trail from the beams aloft.
He shivers in that cold stable,
This Jesus child so dear,
And so to warm him in the cradle
The ass and ox draw near.
The snow hangs down in lacy fringe,
But, far above, the Heavens swell,
Reveal the angel choir that sings
To men: “Noel! Noel!”

Trans. copyright © Stan Solomons 2006

Video of setting by D W Solomons for guitar and alto

Jean Froissart

TRIOLETTRIOLET
Jean Froissarttr. Stan Solomons
On doit le Temps ainsi prendre qu’il vient:
Tout dit que pas ne dure la Fortune;

Un temps se part et puis l’autre revient.
On doit le temps ainsi prendre qu’il vient.

Je me comporte en ce qu’il me souvient
Que tous les mois avons nouvelle lune.

On doit le temps ainsi prendre qu’il vient:
Tout dit que pas ne dure la fortune.
Take Time as it is pleased to come;
For Fortune is a wheel that turns.

Old Time goes out, a new returns;
Take Time as it is pleased to come.

And I take comfort that I know
The new moon every month is born.

Take Time as it is pleased to flow;
For Fortune is a wheel that turns.

Trans. Copyright © Stan Solomons 2005

Joachim Du Bellay

HEUREUX QUI, COMME ULYSSE …HAPPY THE TRAVELLER …
Joachim du Bellaytr. Stan Solomons

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, 
Ou comme cestuy là qui conquit la toison, 
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son aage! 

Quand revoiray-je, helas, de mon petit village 
Fumer la cheminée: et en quelle saison 
Revoiray-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup d’avantage?

Plus me plaist le sejour qu’ont basty mes ayeux, 
Que des palais Romains le front audacieux: 
Plus que le marbre dur me plaist l’ardoise fine,

Plus mon Loyre Gaulois, que le Tybre Latin, 
Plus mon petit Lyré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la doulceur Angevine.

Happy the traveller who like Ulysses,
Or the bold man who took the Golden Fleece, 
And then, returning to his native clime, 
Lived out the sober balance of his time.

Alas, when shall I see the like again,
The smoking chimneys of my own dear village?
When shall I see the garden of my cottage, 
Which is to me a kingdom and a gain?

Better the dwellings ancestors have made, 
Than lofty palaces with proud facade. 
My poor roof of slate than marble Rome.

Better the river Loire than Roman fountains,
My native village than Italian mountains 
Better than sea breeze is the breath of home.

Trans. Copyright © Stan Solomons 2006

Video of setting (of the original French) by D W Solomons for guitar and alto

A UN VANNEUR DE BLÉTO THE WIND
Joachim du Bellaytr. Stan Solomons
A vous, troupe légère,
Qui d’aile passagère 
Par le monde volez,
Et d’un sifflant murmure
Doucement ébranlez,
L’ombrageux verdure 

J’offre ces violettes,
Ces lis et ces fleurettes,
Et ces roses ici, 
Ces vermeillettes roses, 
Tout fraîchement écloses, 
Et ces oeillets aussi.

De votre douce haleine 
Eventez cette plaine, 
Eventez ce séjour: 
Cependant que j’ahanne 
A mon blé, que je vanne 
A la chaleur du jour.
To you O wind
On supple wing
Skimming your way,
Who with a sigh 
Gently shakes 
The leafy shades,

I offer pansies 
And tender lilies, 
Delicate posies 
And crimson roses, 
Bright as the dawn 
Fresh and newborn.

Your lovely breath 
Refreshes earth. 
And those below, 
While I do winnow 
And I sweat away 
The heat of day.

Trans. Copyright © Stan Solomons 2006

Charles Duc d’Orléans

EN REGARDANT VERS LE PAYS DE 
FRANCE …
GAZING TOWARD THE LAND OF 
FRANCE …
Charles, Duc d’Orléanstr. Stan Solomons
En regardant vers le pays de France,
Un jour m’advint, à Douvres sur la mer,
Qu’il me souvint de la douce plaisance
Que je soulais au dit pays trouver;
Si commençai de coeur à soupirer,
Combien certes que grand bien me faisoit
De voir France que mon coeur aimer doit.

Je m’avisai que c’était non savance
De tels soupirs dedans mon coeur garder,
Vu que je vois que la voie commence
De bonne paix, qui tous biens peut donner;
Pour ce, tournai en confort mon penser;
Mais non pourtant mon coeur ne se lassoit
De voir France que mon coeur aimer doit.

Alors chargeai en la nef d’Espérance
Tous mes souhaits, en leur priant d’aller
Outre la mer, sans faire demeurance,
Et à France de me recommander.
Or nous donn’ Dieu bonne paix sans tarder!
Adonc aurai loisir, mais qu’ainsi soit,
De voir France que mon coeur aimer doit.

Paix est trésor qu’on ne peut trop louer.
Je hais guerre, point ne la dois priser;
Destourbé m’a longtemps, soit tort ou droit,
De voir France que mon coeur aimer doit.
Gazing toward the land of France,
At Dover on the sea, it chanced
That I recalled that gentle joy
Which that fair land inspired in me.
Straightway my heart to sigh
How great a boon could I but see
Fair France, my heart’s pure love.

This is but folly, I bethought,
To keep such sighs within my heart,
For I do see the highway start
To peace, good things and kind.
Turned I to comfort all my mind,
But still remained my heart’s desire
To see fair France my soul’s sweet fire.

Then did I charge the ship of Hope
With all my wishes, all my prayers
To cross the sea without a stop
To France as a remembrance there.
God give us peace without demur,
Then I’ll have leisure, be it so,
To see fair France whose love I owe.

For land is treasure I’ll not praise
Enough. And war I cannot prize.
And I am thwarted, right or wrong,
From that fair land for which I long.

Trans. Copyright © Stan Solomons 2006

RONDEAUSPRING
Charles, Duc d’Orléanstr. Stan Solomons
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s’est vêtu de broderie,
De soleil luyant, clair et beau.

Il n’y a bête, ni oiseau,
Qu’en son jargon ne chante ou crie:
Le temps a laissé son manteau!


Rivière, fontaine et ruisseau
Portent, en livrée jolie,
Gouttes d’argent d’orfèvrerie,
Chacun s’habille de nouveau:
Le temps a laissé son manteau.
Old Time has put his mantle by 
Of wind and cold and rain
And clothed himself in broidery
Of sunshine clear and fine.

There is no beast nor bird nor swain 
But does not sing aloud for joy,
For Time has put his mantle by 
Of wind and cold and rain.

River and spring and stream
All wear as handsome livery 
Fine silver drops as jewellery 
And all is freshly clothed it seems
For Time has put his mantle by.

Trans. Copyright © Stan Solomons 2006

Alfred de Vigny

LA MAISON DU BERGER (extrait)from THE SHEPHERD’S HUT
Alfred de Vignytrans. Stan Solomons
Elle me dit: “Je suis l’impassible théâtre
Que ne peut remuer le pied de ses acteurs;
Mes marches d’émeraude et mes parvis d’albâtre,
Mes colonnes de marbre ont les dieux pour sculpteurs.
Je n’entends ni vos cris ni vos soupirs; à peine

Je sens passer sur moi la comédie humaine
Qui cherche en vain au ciel ses muets spectateurs.

“Je roule avec dédain, sans voir et sans entendre,
A côté des fourmis les populations;
Je ne distingue pas leur terrier de leur cendre,
J’ignore en les portant les noms des nations.
On me dit une mère et je suis une tombe.
Mon hiver prend vos morts comme son hécatombe,
Mon printemps ne sent pas vos adorations.

” Avant vous, j’étais belle et toujours parfumée,
J’abandonnais au vent mes cheveux tout entiers:
Je suivais dans les cieux ma route accoutumée,
Sur l’axe harmonieux des divins balanciers.
Après vous, traversant l’espace où tout s’élance,
J’irai seule et sereine, en un chaste silence
Je fendrai l’air du front et de mes seins altiers.”

C’est là ce que me dit sa voix triste et superbe,
Et dans mon coeur alors je la hais, et je vois
Notre sang dans son onde et nos morts sous son herbe
Nourrissant de leurs sucs la racine des bois.
Et je dis â mes yeux qui lui trouvaient des charmes:
“Ailleurs tous vos regards, ailleurs toutes vos larmes,
Aimez ce que jamais on ne verra deux fois.”

Oh! qui verra deux fois ta grâce et ta tendresse,
Ange doux et plaintif qui parle en soupirant?
Qui naîtra comme toi portant une caresse
Dans chaque éclair tombe de ton regard mourant,
Dans les balancements de ta tâte penchée,
Dans ta taille indolente et mollement couchée,
Et dans ton pur sourire amoureux et souffrant?

Vivez, froide Nature, et revivez sans cesse
Sous nos pieds, sur nos fronts, puisque c’est votre loi;
Vivez et dédaignez, si vous êtes déesse,
L’Homme, humble passager, qui dut vous être un Roi;
Plus que tout votre règne et que les splendeurs vaines
J’aime la majesté des souffrances humaines:
Vous ne recevrez pas un cri d’amour de moi.


And Nature said: ” I am that theatre
Insentient, unmoved by any actor.
My emerald stairs, my courts of alabaster,
My marble halls are sculpted by the Gods.
Nought do I hear, nor cries or moans,
And barely feel those that do play on me
Scanning the silent sky for audience.




Revolving with disdain and deaf to all,
I cannot tell mankind from seething ants.
Nor cannot tell their cities from their graves.
I bear the nations’ names yet know them not.
They call me Mother, and I am a Tomb.
My winter claims a frozen holocaust,
My spring impassive to your sacrifice.

Before you came I was perfumed and fair
My hair abandoned to the untamed breeze,
I followed in the skies my fated orbit,
Harmonious and predetermined way.
When you have gone, ploughing through darting space,
Serene and solitary, chaste and mute,
Still will I cleave the sky with haughty brow.

Thus sad and proud was Nature’s voice to me,
And in my heart I hate her and I see
Blood on her waves, our dead beneath the sward,
Feeding the trees with all their dying juice.
And yet I was bewitched by all her charms
And said: ” Avert your gaze, dry up your tears,
Love only that which passes and will die”

Who will see twice your grace and tenderness,
0 my sweet love, and angel of my life?
When shall I ever see your love again
In the soft lightning of your suffering eyes,
In the soft subtle bending of your head,
And the soft outline of your willow form,
And your pure smile of love and suffering.

Live on, cold Nature, live on without end,
Beneath us and above, since this is law,
Live on, and if you’re God indeed, disdain
Mere Man, a transient and yet your King.
More than your realm and all your splendours vain,
I love the majesty of human pain:
You will receive no cry of love from me.







Trans. copyright © Stan Solomons 2006

LA MORT DU LOUPTHE DEATH OF THE WOLF
Alfred de Vignytrans. Stan Solomons
I

Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l’incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l’horizon.
Nous marchions, sans parler, dans l’humide gazon, 
Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes, 
Nous avons aperçu les grands ongles marqués
Par les loups voyageurs que nous avions traqués.
Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu. – Ni le bois ni la plaine
Ne poussaient un soupir dans les airs; seulement
La girouette en deuil criait au firmament;
Car le vent, élevé bien au-dessus des terres,
N’effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
Et les chênes d’en bas, contre les rocs penchés,
Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés 
Rien ne bruissait donc, lorsque, baissant la tête,
Le plus vieux des chasseurs qui s’étaient mis en quête 
A regardé le sable en s’y couchant; bientôt, 
Lui que jamais ici l’on ne vit en défaut,
A déclaré tout bas que ces marques récentes 
Annonçaient la démarche et les griffes puissantes
De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux.
Nous avons tous alors prépare nos couteaux, 
Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches,
Nous allions pas à pas en écartant les branches.
Trois s’arrêtent, et moi, cherchant ce qu’ils voyaient,
J’aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,
Et je vois au-delà quatre formes légères
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,
Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux,
Quand le maître revient, les lévriers joyeux.
Leur forme était semblable, et semblable la danse;
Mais les enfants du Loup se jouaient en silence, 
Sachant bien qu’à deux pas, ne dormant qu’à demi,
Se couche dans ses murs l’homme, leur ennemi.
Le père était debout, et plus loin, contre un arbre,
Sa louve reposait comme celle de marbre
Qu’adoraient les Romains, et dont les flancs velus 
Couvaient les demi-dieux Remus et Romulus.
Le Loup vient et s’assied, les deux jambes dressées,
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s’est jugé perdu, puisqu’il était surpris,
Sa retraite compté et tous ses chemins pris;
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante,
Il n’a pas deserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair,
Et nos couteaux aigüs qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu’au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu’à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang;
Nos fusils l’entouraient en sinistre croissant. 
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche, 
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.

II

J’ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
Me prenant à penser, et n’ai pu me résoudre
A poursuivre sa Louve et ses fils, qui, tous trois,
Avaient voulu l’attendre, et, comme je le crois,
Sans ses deux louveteaux, la belle et sombre veuve
Ne l’eût pas laissé seul subir la grande épreuve;
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
A ne jamais entrer dans le pacte des villes
Que l’homme a fait avec les animaux serviles
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Les premiers possesseurs du bois et du rocher.

III

Hélas, ai-je pensé, malgré ce grand nom d’Hommes
Que j’ai honte de nous, débiles que nous sommes!
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
C’est vous qui le savez, sublimes animaux!
A voir ce que l’on fut sur terre et ce qu’on laisse,
Seul le silence est grand; tout le reste est faiblesse.
Ah! je t’ai bien compris, sauvage voyageur,
Et ton dernier regard m’est allé jusqu’au coeur!
Il disait: “Si tu peux, fais que ton âme arrive,
A force de rester studieuse et pensive,
Jusqu’à ce haut degré de stoïque fierté
Où, naissant dans les bois, j’ai tout d’abord monté.
Gémir, pleurer, prier est également lâche 
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche 
Dans la voie où la sort a voulu t’appeler,
Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler.”
I

The dark clouds sped across the orange moon
As smoke trails streak across a fire
And to the far horizon woods were black. 
Silent we walked amid the dewy grass,
Amid dense briars and the vaulting heather
Until beneath some moorland conifers
We saw great gashes, marks of griping claws
Made by the wandering wolves we tracked. 
We listened, holding back our breath, 
Stopped in mid-stride. Nor wood nor plain 
Loosed murmurs to the air, only
The mourning wind-vane cried out to the sky
For well above the ground the biting wind 
Only disturbed the solitary tower
And the oaks within the shelter of the rocks 
On their gnarled elbows seemed to doze. 
No rustle then, but sudden, stooping low 
The most experienced hunter of our band 
Better to scrutinize the sand, 
Softly declared – and he was never wrong –
That these fresh claw-marks showed without a doubt
These were the very animals we sought, 
The two great wolves and their two stripling cubs.
And then we all prepared our hunting knives,
Hiding our guns and their fierce tell-tale gleam, 
We went on, step by step, parting the bushy screen.
Three of us stopped, and, following their gaze, 
I noticed suddenly two eyes that blazed, 
And further off, two slender forms together, 
Dancing beneath the moon, amid the heather. 
And they were like the hounds that show their joy, 
Greeting their master with a wondrous noise. 
And they were like; like also was the dance 
Save that the cubs played all in silence, 
Knowing full well that near and sleeping slow, 
Secure inside his house was man their foe.
The father wolf was up, further against a tree 
Remained his mate, a marble statue she, 
The same adored by Rome whose generous breast 
And suckling gave Remus and Romulus.
The sire advanced with fore-legs braced to stand 
With cruel claws dug deeply in the sand. 
He was surprised and knew that he was lost
For all the ways were seized, retreat cut off. 
Then, in his flaming maw, with one fell bound 
Seized the bare throat of our bravest hound.
Like traps his steely jaws he would not leash, 
Despite our bullets searing through his flesh,
And our keen knives like cruel and piercing nails,
Clashing and plunging through his entrails. 
He held his grasp until the throttled hound, 
Dead long before, beneath his feet slumped down. 
The Wolf then let him drop and looked his fill 
At us. Our daggers thrust home to the hilt, 
Steeped in his blood impaled him to the ground, 
Our ring of rifles threaten and surround. 
He looked at us once more, while his blood spread 
Wide and far and his great life force ebbed 
Not deigning then to know how he had died 
Closed his great eyes, expired without a cry.

II

I couched my brow upon the smoking gun,
And deep in thought, I tried to bend my mind
To track the She-Wolf and her two young ones,
They would most willingly have stayed behind.
But for her cubs that fine and sombre mother
Would not have left her mate there to endure,
She had to save her children, nothing other,
Teach them to suffer gladly pangs of hunger,
Not sell their souls, enter that dishonourable
Pact man forced upon those hapless beasts
Who fawn and hunt for him, and do his will;
The primal owners of the hills and forests.

III

Alas, I thought, despite the pride and name
Of Man we are but feeble, fit for shame. 
The way to quit this life and all its ill 
You know the secret, sublime animal! 
See what of earthly life you can retain, 
Silence alone is noble – weakness remains. 
O traveller I understand you well, 
Your final gaze went to my very soul. 
Saying: “With all your being you must strive
With strength and purpose and with all your thought
To gain that high degree of stoic pride 
To which, although a beast I have aspired.
Weeping or praying – all this is in vain. 
Shoulder your long and energetic task, 
The way that Destiny sees fit to ask, 
Then suffer and so die without complaint.”

Trans. copyright © Stan Solomons 2006

Henri de Régnier

JARDIN SOUS LA PLUIEGARDEN IN THE RAIN
Henri de Régniertrans. Stan Solomons
La croisée est ouverte; il pleut 
Comme minutieusement, 
A petit bruit et peu à peu,
Sur le jardin frais et dormant.

Feuille à feuille la pluie éveille 
L’arbre poudreux qu’elle verdit;
Au mur on dirait que la treille 
S’étire d’un geste engourdi.

L’herbe frémit, le gravier tiède
Crépite et l’on croirait là-bas 
Entendre sur le sable et l’herbe 
Comme d’imperceptibles pas.

Le jardin chuchote et tressaille 
Furtif et confidentiel; 
L’averse semble maille à maille
Tisser la terre avec le ciel.

Il pleut, et, les yeux clos, j’écoute
De toute la pluie à la fois 
Le jardin mouillé qui s’égoutte
Dans l’ombre que j’ai faite en moi.
Outside the window seeps,
Finely and noiselessly, the rain 
Across the window pane. 
And the cool garden sleeps.

Leaf after leaf, the rain awakes 
The dusty tree and slakes 
Its green thirst, while the vine 
From its coiled sleep unwinds.

The warm gravel drinks its fill, 
The grasses tremble, and around, 
Deceptive rustling of unreal 
Footsteps and their phantom sound.

The garden shudders and the flowers
Whisper together, shy, 
While stitch by stitch the showers 
Weave earth to sky.

Eyes closed, I listen
To that internal rain 
That drips and glistens 
Within the garden of my pain.

Trans. Copyright © Stan Solomons 2006

MON AMOURMY LOVE
Henri de Régniertrans. Stan Solomons


Si j’ai parlé de mon amour,
C’est à l’eau lente
Qui m’écoute quand je penche 
Sur elle:

Si j’ai parlé
De mon amour, c’est au vent
Qui rit et chuchote 
entre les branches.

Si j’ai parlé de mon amour,
C’est à l’oiseau
Qui passe et chante 
Avec le vent.

Si j’ai parlé 
C’est à l’écho.

Si j’ai aimé de grand amour, 
Triste ou joyeux, 
Ce sont tes yeux; 

Si j’ai aimé de grand amour,
Ce fut ta bouche grave et douce,
Ce fut ta bouche;

Si j’ai aimé de grand amour, 
Ce furent ta chair tiède 
Et tes mains fraîches, 

Et c’est ton ombre 
Que je cherche. 


If I have spoken of my love,
‘Tis to the slow stream 
That listens when I lean 
Above.

If I have spoken
Of my love, ’tis to the breeze
Laughing and whispering 
in the trees.

If I have spoken of my love,
‘Tis to the bird 
That sings and skims
With the wind.

If I have spoken so 
‘Tis to the echo.

If I loved greatly,
Sadly or happily.
It was your gaze

If my love was great
It was your lips so sweet,
Gentle and grave.

If I have loved so much
It was your warm flesh
And your cool touch

And it is your shadow
That I seek now.

Trans. Copyright © Stan Solomons 2006

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