Stan and Bette Solomons

Poetry and Artwork

Category: Translations

Translations from the French

Correspondances

CORRESPONDANCESAFFINITIES
Charles Baudelairetrans. Stan Solomons
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
– Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.
Nature’s a temple where living pillars 
Sometimes let slip a rare syllable;
And man’s a traveller through these symbol
Forests, peering at him, familiar.

As echos from infinitude confound
Into a deep and sombre unity,
Vast as the night, immense as clarity, 
Combining colour, scent and sound.

Perfumes as cool as childrens’ flesh,
Dulcet as oboes, green as grass, 
Others, victorious, corrupt, and rich,

Grow to infinity and pass
Outwards like amber, musk and incense, 
Lauding the ecstasy of mind and sense.

Trans. Copyright © Stan Solomons 2006

Quand le ciel bas et lourd

QUAND LE CIEL BAS ET LOURD …SPLEEN
Charles Baudelairetrans. Stan Solomons
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l’Espérance, comme une chauve-souris,
S’en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D’une vaste prison imite les barreaux,
Et qu’un peuple muet d’infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
– Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme; l’Espoir,
Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
The lowering sky bears down
Upon my spirit, prey to ennui,
And from the horizon around
Pours forth a sad and darker day.

Into a dungeon, day is changed,
And, like a blinded bat, feeling
And hope wing the dank walls, deranged,
Beating their brains against the ceiling.

The slanting rain impends and falls,
Like bars across a prison cell;
And spiders, grisly silent race,
Spin in my mind their dusty lace.

Carillons furiously peal,
Flailing the sky with dissonance,
Wandering ghosts that skim and glance,
Exiled and desperate, unreal.

Hearses, unloved and unadorned,
Sweep slowly through my soul; suborned
Hope weeps there; into my brain
Anguish thrusts deep its flag of pain.

Trans. Copyright © Stan Solomons 2006

Chant d’Automne

CHANT D’AUTOMNE

AUTUMN SONG

Charles Baudelaire

trans. Stan Solomons

I

Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres;
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts!
J’entends déjà tomber avec des chocs funèbres
Le bois retentissant sur le pavé des cours.
Tout l’hiver va rentrer dans mon être: colère,
Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,
Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
Mon coeur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacé.
J’écoute en frémissant chaque bûche qui tombe;
L’échafaud qu’on bâtit n’a pas d’écho plus sourd.
Mon esprit est pareil à la tour qui succombe
Sous les coups du bélier infatigable et lourd.
Il me semble, bercé par ce choc monotone,
Qu’on cloue en grande hâte un cercueil quelque part ...
Pour qui? - C’est hier l’été voici l’automne!
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.

II

J’aime de vos longs yeux la lumière verdâtre,
Douce beauté, mais tout aujourd’hui m’est amer,
Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l’âtre,
Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.
Et pourtant aimez-moi, tendre coeur! soyez mère,
Même pour un ingrat, même pour un méchant;
Amante ou soeur, soyez la douceur éphémère
D’un glorieux automne ou d’un soleil couchant.
Courte tâche! La tombe attend; elle est avide!
Ah! laissez-moi, mon front posé sur vos genoux,
Goûter, en regrettant l’été blanc et torride,
De l’arrière-saison le rayon jaune et doux!

I

Soon shall we plunge in shadows cold
Farewell the living light of summer tide
Already do I hear the sickening thud
Of falling trees echoing in the road.
Into my being will return the Winter
Of shuddering hate, horror and forced labour
And like the sun, at last extinct and cold
My heart will be a frozen block of blood.
Trembling I hear each log under the axe
The echoes of the scaffold no less black
My spirit like the tower that soon sags
Under the tireless battle ram’s attack.
I fancy, lulled by this repeated sound,
Someone in haste is nailing coffins down.
For whom? Summer is past, already Fall,
This noise tolls like a mysterious farewell

II

I love your gleaming green eyes and adore
Your gentle beauty, but today is bitter
And nothing, neither heart, nor home, nor lover
Exceeds the sunlight glistening on the sea.
Yet mother me, my darling, show me tenderness.
Ungrateful wretch I am, and full of sin.
Lover or sister, be the passing sweetness
Of glorious autumn or the setting sun.
But time is short! The eager tomb awaits
Let me with my head upon your knees,
Wistful for torrid summer, taste
The gentle amber autumn rays.

Trans. Copyright © Stan Solomons 2008

A son nez- Olivier Basselin

A SON NEZODE TO A NOSE – 1
Olivier Basselintr. Stan Solomons
Beau nez, dont les rubis ont couste mainte pippe
De vin blanc et clairet,
Et duquel la couleur richement participe
Du rouge et violet


Gros nez! qui te regarde à travers un grant verre
Te juge encor plus beau:
Tu ne ressemble point au nez de quelque lierre
Qui ne beoit que de l’eau
Un coq d’Inde sa gorge a toy semblable porte:
Combien de riches gens
N’ont pas si riche nez! Pour le peindre en la sorte
Il faut beaucoup de temps.
Le verre est le pinceau duquel on t’enlumine;
Le vin est la couleur
Dont on t’a peint ainsy plus rouge qu’une guigne
En beuvant du meilleur


On dit qu’il nuit aux yeux, mais seront-ils les maîtres?
Le vin est guarison
De mes maux; j’ame mieux perdre les deux fenestres
Que toute la maison.
O gorgeous nose bedight 
With wine and claret, 
So rutilant and ripe 
With red and violet.

Nose looming through a glass
Finer by far
Than that of some poor ass 
Who drinks but water.

Wattled and luminous, 
What wealthy men 
Boast such voluminous 
Noses magnificent?

Aflame with crimson merry,
Colour of wine, 
Redder than is the cherry 
With drink so fine.

It hurts the eyes? And so?
Wine is a cure-all
I’d sooner lose the windows
Than house and all.

VITAM IMPENDERE AMORE

Guillaume Apollinaire

(Juvenal Satire I.4)
I

L’amour est mort entre tes bras 
Te souviens-tu de sa rencontre
Il est mort tu la referas 
Il s’en vient à ta rencontre

Encore un printemps de passé
Je songe à ce qu’il eût de tendre
Adieu saison qui finissez 
Vous nous reviendrez aussi tendre

II

O ma jeunesse abandonnée
Comme une guirlande fanée 
Voici que s’en vient la saison
Et des dédains et du soupçon

Le paysage est fait de toiles
Il coule un faux fleuve de sang
Et sous l’arbre fleuri d’étoiles
Un clown est l’unique passant

Un froid rayon poudroie et joue
Sur les décors et sur ta joue
Un coup de revolver un cri
Dans l’ombre un portrait a souri

La vitre du cadre est brisée
Un air qu’on ne peut définir
Hésite entre son et pensée
Entre avenir et souvenir

O ma jeunesse abandonnée
Comme une guirlande fanée
Voici que s’en vient la saison
Des regrets et de la raison

(Juvenal Satire I.4)
I

Love died within your arms 
Remember how it came?
Love died, but you will meet
Again a love as sweet.

Another Spring has passed 
And all its tenderness
Farewell to season past 
It will come back to us.

II

O youth abandoned
And like a faded garland 
Here comes the dire season
Of scorn and treason

Stylised the scenery
A stream of blood flows down.
Beneath the starry canopy 
Of blossom slips the clown.

The cold light plays and powders down 
Upon your cheek and all around 
A pistol shot a cry
And in the dark a smiling portrait

Its glass long gone
Hovers a melody
Twixt thought and sound
Future and memory.

Young years abandoned 
Like faded garlands 
here comes the season 
Of regrets and reason.

Trans. copyright © Stan Solomons 2006

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